
Le 17 juillet, un comité spécial de la Commission électorale thaïlandaise a révélé les résultats d’une enquête majeure portant sur des irrégularités présumées lors des élections sénatoriales de 2024. Le rapport fait état d’un réseau complexe d’achat de voix, de vote en bloc et de blanchiment d’argent, mettant en cause jusqu’à 229 suspects, dont 138 sénateurs en exercice sur 200, ainsi que 91 autres personnalités affiliées, directement ou indirectement, au parti d’opposition Bhumjaithai et à son influent dirigeant de facto, Newin Chidchob.
Ces manœuvres électorales frauduleuses auraient été orchestrées à l’échelle nationale, des districts jusqu’au sommet de la hiérarchie politique, dans un système fermé où les candidats votaient entre eux sans électeurs ordinaires. Parmi les figures accusées figurent Anutin Charnvirakul, chef officiel du parti, Chaichanok Chidchob, secrétaire général et fils de Newin, ainsi que Paradorn Prisnanuntakul, ancien vice-président de la Chambre.
La commission électorale s’apprête à transmettre l’affaire à la Cour constitutionnelle, qui pourrait prononcer des sanctions lourdes : dissolution du parti Bhumjaithai, interdiction politique à long terme pour ses dirigeants et peines allant jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 200 000 bahts d’amende pour les personnes reconnues coupables. Les sénateurs inculpés encourent aussi une interdiction de se présenter à de futures élections, potentiellement à vie.
En riposte, 92 sénateurs ont déposé une requête contre le Premier ministre par intérim Phumtham Wechayachai et le ministre de la Justice Tawee Sodsong, les accusant d’avoir influencé l’enquête via le Département des enquêtes spéciales (DSI). La plainte dénonce un abus de pouvoir, un harcèlement institutionnel, et une violation de la séparation des pouvoirs. Tawee a été suspendu provisoirement de ses prérogatives directement liées à cette affaire.
Le scandale, de par son ampleur et ses implications politiques, marque une étape critique pour l’intégrité du processus électoral thaïlandais et pourrait bouleverser durablement le paysage institutionnel. Jusqu’à présent, la Commission électorale était considérée comme plutôt favorable au Bumjaithai en raison de relations personnelles avérées.