Population cambodgienne fuyant les bombardement thaïlandais ce samedi matin.
Le président américain Donald Trump a affirmé, peu après minuit, heure de Bangkok, dans la nuit du 13 décembre, que la Thaïlande et le Cambodge avaient accepté de « cesser tous les tirs dès ce soir ». Une annonce spectaculaire… immédiatement contestée sur le terrain comme dans les capitales concernées.
Dans un message publié sur ses réseaux sociaux, Donald Trump assure avoir eu « une très bonne conversation » avec les Premiers ministres thaïlandais Anutin Charnvirakul et cambodgien Hun Manet. Selon lui, les deux dirigeants seraient prêts à revenir à l’Accord de paix de Kuala Lumpur, négocié avec l’appui du Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim. Le président américain évoque même un « accident » pour expliquer l’explosion qui a blessé plusieurs soldats thaïlandais le 7 décembre, incident à l’origine de la reprise des combats.
Bangkok dément tout accord et accuse Phnom Penh
Quelques heures plus tard, le gouvernement thaïlandais publie sa propre version de l’échange téléphonique. Selon le porte-parole Siripong Angkasakulkiat, Anutin Charnvirakul a assuré à Donald Trump que la Thaïlande respecte l’accord “à tout moment” et que le Cambodge est seul responsable de l’escalade.
Bangkok affirme que les mines ayant blessé et tué des soldats thaïlandais ont été « fraîchement posées », citant des confirmations écrites de l’ASEAN Observer Team. Le Premier ministre insiste : la Thaïlande « n’est pas l’agresseur » et n’a agi qu’en « légitime défense ».
Sur la question commerciale, le gouvernement thaïlandais assure que Donald Trump a promis un traitement tarifaire favorable et n’a pas lié les négociations commerciales au conflit frontalier.
Hun Manet contredit Trump et demande une enquête internationale
À Phnom Penh, le ton est tout autre. Vers 4 h du matin, Hun Manet publie un long message sur Facebook. Il confirme avoir parlé à Donald Trump et à Anwar Ibrahim, mais ne mentionne aucun accord de cessez-le-feu pour ce soir.
Le dirigeant cambodgien demande au contraire que les États-Unis et la Malaisie utilisent leurs capacités de renseignement — notamment des images satellites — pour déterminer qui a tiré le premier le 7 décembre. « La méthode la plus simple et la plus transparente », écrit-il, en assurant que le Cambodge « coopérera pleinement ».
Sur le terrain, les combats continuent
Malgré les déclarations diplomatiques, la situation reste explosive. À Koh Kong, des habitants ont fui la ville vers 3 h, ce samedi matin pour échapper aux bombardements thaïlandais, une affirmation qui mériterait d’être confirmée et documentée. À l’aube, deux frappes d’avions F‑16 ont détruit le pont principal de Thmor Da, infrastructure vitale pour la région.
Dans la province de Trat, la tension est montée d’un cran toute la nuit, avec l’ouverture d’un nouveau front près Hat Lek, en Thaïlande. Des positions d’artillerie cambodgiennes ont été visées.
Ce samedi matin, aucune accalmie n’est visible, et le “cessez-le-feu” annoncé par Washington semble très loin de la réalité du terrain.



