Le parlement vue de puis la rive opposée
À moins de deux mois des élections générales du 8 février 2026, la scène politique thaïlandaise s’active sur tous les fronts. Le gouvernement par intérim d’Anutin Charnvirakul a validé la première des trois questions prévues pour un futur référendum constitutionnel. Cette question, désormais entre les mains de la Commission électorale (EC), demandera aux électeurs s’ils approuvent la rédaction d’une nouvelle Constitution. L’EC doit encore déterminer si ce vote pourra être organisé en même temps que les élections législatives.
D’autres projets de référendum ont en revanche été abandonnés, notamment celui portant sur l’annulation des protocoles 43‑44 concernant la délimitation des frontières terrestres et maritimes avec le Cambodge. Des avis juridiques ont estimé qu’un tel vote pourrait engager durablement le prochain gouvernement. Dans le même temps, plusieurs programmes publics, dont la phase 2 du dispositif de co‑paiement « Khon La Khrueng Plus », sont suspendus.
Le gouvernement assure que la tenue simultanée du référendum constitutionnel et des élections est juridiquement possible. La loi permet en effet d’écourter la période de préparation, habituellement fixée à 60 jours, si le Cabinet juge cela nécessaire. Une organisation conjointe permettrait d’économiser près de 3 milliards de bahts, selon les autorités.
Dans ce contexte préélectoral, Anutin a rappelé à ses ministres l’obligation de respecter strictement les règles : pas d’utilisation de ressources publiques, pas d’activités pouvant être interprétées comme de la propagande. Une tournée de presse prévue à Si Sa Ket a d’ailleurs été annulée après un avertissement de l’EC. Le Premier ministre par intérim s’y rendra néanmoins pour un événement culturel déjà programmé.
Sur le terrain, les grandes formations affûtent leurs armes. Le Bhumjaithai Party n’a pas encore dévoilé son candidat au poste de Premier ministre, même si Anutin laisse entendre que les discussions avancent. Il rejette par ailleurs les critiques selon lesquelles son parti profiterait des tensions à la frontière cambodgienne pour mobiliser l’électorat.
Le Pheu Thai Party, lui, a déjà présenté trois candidats : Julapun Amornvivat, Suriya Juangroongruangkit et Yodchanan Wongsawat, figure montante issue du clan Shinawatra. Le parti se positionne comme force de « refondation », mettant en avant modernisation économique, innovation locale et transition numérique.
Le People’s Party (Pachon) mise sur son concept des « 3 Thai » — transparence, égalité et modernité — pour convaincre les électeurs que 2026 peut marquer un retour à une politique réellement déterminée par les citoyens.
Enfin, le Kla Tham Party renforce ses rangs avec l’arrivée de neuf anciens députés et deux conseillers provinciaux. Le parti, qui prévoit de présenter des candidats dans les 400 circonscriptions, avance Thammanat Prompao comme prétendant au poste de Premier ministre. Il avait été emprisonné plusieurs années en Australie pour trafic de drogue.
À mesure que février approche, la compétition s’intensifie. Entre stratégies, alliances et débats constitutionnels, la campagne thaïlandaise entre dans sa phase décisive.



