Hat Yai vit l’une des pires semaines de son histoire. Submergée par des pluies records, la ville du Sud thaïlandais voit ressurgir les traumatismes des grandes inondations de 1988, 2000 et 2010. Sauf que cette fois, la catastrophe marque un tournant : les systèmes de protection mis en place après 2010 ont été totalement dépassés.
Pendant près d’une décennie, les ouvrages comme le barrage Khlong Phuminat Damri avaient permis d’éviter le pire. Mais en 2025, la violence des précipitations a balayé ces défenses, révélant une évidence : Hat Yai n’est plus armée pour affronter des événements climatiques de plus en plus extrêmes.
Des habitants à bout de nerfs
Dans les quartiers noyés, la tension monte. Mardi soir, un volontaire en jet ski venu livrer de la nourriture a essuyé des coups de feu. D’autres secouristes racontent avoir reçu des insultes, voire des bouteilles lancées depuis les maisons inondées.
Selon eux, la colère vient des vagues provoquées par les jet skis, qui inquiètent les habitants déjà fragilisés. « Les gens ont peur que l’eau n’endommage leurs murs ou leurs vitres », explique Kachanon “Tar” Khangkarn, l’un des bénévoles. Il assure que maintenir une certaine vitesse est indispensable pour éviter de chavirer dans le courant et empêcher les débris de bloquer les moteurs.
Épuisés, les volontaires disent ne plus oser lever les yeux vers les maisons qu’ils tentent d’aider. « Nous faisons de notre mieux », répètent-ils, appelant à un peu de compréhension.
Une tragédie qui bouleverse le pays
L’histoire d’une habitante de Ban Pru a bouleversé les réseaux sociaux. Piégée dans une maison où l’eau montait jusqu’au toit, elle a tenté de sauver sa mère âgée. Lorsque celle-ci n’a plus pu tenir, la fille a placé son corps dans un réfrigérateur flottant pour éviter qu’il ne soit emporté par le courant. Les secouristes l’ont retrouvée au petit matin, épuisée, en état de choc.
Cette scène, largement relayée, symbolise le désespoir qui gagne Hat Yai.
Les cas similaires se multiplient, ainsi, un Thaïlandais, Khajornkiat Wutthisoranakom, a publié un appel urgent sur Facebook, signalant que son enfant d’un an, très pâle, les lèvres violacées et souffrant de vomissements, était coincé avec lui sur un pont près de la gare de Hat Yai. Le petit, resté sous la pluie pendant une longue période, semblait en état de choc.
Une crise d’ampleur régionale
Plus de 2,78 millions de personnes sont touchées dans le Sud, des centaines de milliers de maisons sont inondées et les secours peinent à atteindre les zones les plus enclavées. Les habitants dénoncent une aide insuffisante et une coordination chaotique.
Face à cette catastrophe, les experts appellent à une refonte totale des infrastructures anti-inondation. Car si 2025 est un tournant, c’est surtout un avertissement : les crues extrêmes ne seront plus l’exception.
