
La crise des inondations dans le sud de la Thaïlande continue de provoquer des remous politiques. Le 29 novembre, l’ancien chef adjoint de la police nationale, Surachate Hakparn, a publié des captures d’écran d’une conversation LINE qu’il affirme provenir d’un haut fonctionnaire du ministère de la Santé. Selon lui, le Premier ministre et ministre de l’Intérieur Anutin Charnvirakul aurait tourné en dérision les décès liés aux inondations à Hat Yai, évoquant “1 000 morts” sur un ton jugé moqueur. Surachate l’accuse de manquer de compassion et appelle à sa démission immédiate.
Ces accusations surviennent alors que le gouvernement tente de montrer sa réactivité. Le Département des relations publiques a détaillé huit mesures de soutien : suspension des dettes bancaires jusqu’à un million de bahts pendant un an, prêts sans intérêts pour relancer les activités professionnelles et réparer les maisons, accélération des indemnisations par les compagnies d’assurance, aides de la Sécurité sociale, compensation de deux millions de baht pour les familles des victimes, soutien aux PME et relance économique par des mesures fiscales et touristiques. Anutin a assuré que l’objectif était de “ramener la vie à la normale le plus vite possible”.
Mais la communication officielle est elle-même contestée. Linthiporn Varinwatchararoj, secrétaire générale adjointe du Pheu Thai, dénonce des chiffres de victimes incohérents et changeants. Entre le 26 et le 30 novembre, les bilans officiels sont passés de 80 corps recensés à l’hôpital de Hat Yai à 170 décès confirmés, avec des catégories floues allant de la noyade à l’électrocution. Pour l’opposition, ces contradictions sapent la confiance du public et révèlent une gestion défaillante de la catastrophe. Surachate considère que le bilan officiel du gouvernement est sous-évalué.
Linthiporn critique également le dispositif d’indemnisation, qui oblige les familles à prouver la “catégorie” de décès pour obtenir les deux millions de bahts promis. Une procédure jugée humiliante et douloureuse pour des proches déjà éprouvés. Elle estime que l’État a failli à protéger ses citoyens et que le Premier ministre devrait se retirer s’il ne peut garantir transparence et sécurité.
Entre accusations de cynisme, contestation des chiffres et méfiance envers les mesures annoncées, la tragédie de Hat Yai devient un test politique majeur pour Anutin. Alors que le roi a personnellement offert 100 millions de baht à l’hôpital local, l’écart entre compassion royale et soupçons de désinvolture gouvernementale nourrit un climat de défiance dans le sud du pays.



