Les autorités thaïlandaises, chinoises et birmanes ont mené, le 15 décembre, une inspection conjointe sur les ruines de deux vastes centres d’arnaques situés le long de la frontière thaïlando‑birmane. Les sites, KK Park et Shwekokko, autrefois de véritables mini‑villes dédiées aux escroqueries en ligne, ne sont plus que des amas de béton après une série de démolitions ordonnées par Naypyidaw.
Des représentants de la police thaïlandaise, du ministère chinois de la Sécurité publique et des autorités birmanes se sont rendus dans le district de Mae Sot, dans la province de Tak, pour constater l’ampleur des destructions. Les forces de sécurité birmanes ont guidé les délégations jusqu’aux deux complexes, autrefois luxueux, où opéraient des réseaux internationaux de call centers frauduleux ciblant des victimes dans le monde entier.
Cette opération s’inscrit dans une campagne plus large visant à éradiquer les centres d’arnaques qui proliféraient dans la zone frontalière, profitant de l’absence de contrôle et de la présence de groupes armés locaux. De nombreux ressortissants chinois impliqués dans ces réseaux ont tenté de fuir lors du raid, mais ont été arrêtés par les autorités birmanes. Ils sont actuellement détenus à Myawaddy et devraient être rapatriés en Chine pour y être jugés.
Lors d’une réunion trilatérale, les trois pays ont convenu de renforcer leur coopération. Au programme : création d’une task force commune, partage d’informations en moins de 24 heures, et coupure des infrastructures essentielles — électricité, Internet — permettant aux réseaux criminels de fonctionner. La Thaïlande a annoncé que son Anti‑Cyber Scam Centre (ACSC) deviendrait le centre de coordination principal.
Autre point clé : l’accélération des procédures de déportation pour les étrangers fuyant la Birmanie et se retrouvant en Thaïlande, souvent sans papiers. L’objectif est de réduire la pression sur les autorités locales et d’assurer une prise en charge plus sûre des personnes arrêtées.
Cependant, les arnaques continuent sur le sol même de la Thaïlande, comme le prouve l’aventure survenue à deux jeunes gens hier. Deux étudiants de Kamphaeng Phet ont été victimes d’une arnaque téléphonique menée par des escrocs se faisant passer pour des agents du DSI. L’un d’eux, 19 ans, a été retrouvé dans un resort après que les fraudeurs l’ont forcé à s’y isoler pour « vérification » et tenté de lui faire transférer 25 000 bahts. Ses proches ont pu le localiser via GPS et alerter la police, qui est intervenue avant tout transfert. Un autre étudiant du même établissement avait déjà perdu plus de 7 000 bahts plus tôt dans la journée. La police rappelle qu’aucune agence officielle ne demande jamais d’argent pour une enquête et invite les citoyens à raccrocher immédiatement en cas d’appel suspect. Cependant, une « légende urbaine » affirme que les policiers thaïlandais réclament souvent des pots-de-vin.
