L’augmentation promise du salaire minimum journalier à l’échelle nationale n’interviendra probablement pas avant le 1er octobre, a déclaré mardi le ministre du Travail Phiphat Ratchakitprakarn. Mais pas après le 1er octobre non plus, a-t-il ajouté mercredi à la fin d’une journée difficile pour l’exécutif.
Sa déclaration a mis fin aux spéculations selon lesquelles le gouvernement choisirait la fête du Travail, le 1er mai, pour annoncer un « cadeau » aux travailleurs de tout le pays.
Le comité, composé de représentants du gouvernement, des employeurs et des salariés, a convenu lors de sa dernière réunion du 17 avril qu’il y aurait un autre ajustement du salaire minimum cette année.
« La prochaine réunion du comité des salaires est prévue pour le 14 mai, date à laquelle de nouvelles discussions seront menées sur la proposition de salaire journalier de 400 bahts », a-t-il déclaré.
Le ministre Phiphat préside la commission mais souligne qu’il n’a aucune autorité pour lui ordonner d’approuver une proposition du gouvernement. La population a du mal à y croire.
Promis aux électeurs par le parti Pheu Thai au pouvoir lors de la campagne des élections générales de 2023, le salaire journalier de 400 bahts est testé dans certains petits endroits depuis le 13 avril.
Les taux de salaire minimum officiels qui sont entrés en vigueur le 1er janvier de cette année se situent entre 330 et 370 bahts selon les provinces.
« Nous devrions être en mesure d’annoncer la mise en œuvre à l’échelle nationale du salaire journalier de 400 bahts le 1er octobre », a déclaré M. Phiphat.
Le ministre a également confirmé le projet du gouvernement d’étendre le programme de prêts à taux réduit offert aux travailleurs indépendants, qui devait initialement prendre fin le 30 avril.
Alors que plus d’un million de ces travailleurs bénéficient déjà d’un accès à des prêts à des conditions favorables, il reste encore une partie des fonds destinés au financement du projet, ce qui signifie que le gouvernement est capable de prêter à davantage de personnes, a-t-il expliqué.
Les prêts sont offerts sans intérêt les deux premières années, avec un intérêt de 2 % à partir de la troisième année, a-t-il expliqué.
D’autres bonnes nouvelles pour le 1er mai concernent les progrès du gouvernement pour ratifier deux conventions clés de l’Organisation internationale du travail (OIT) : la n°87 sur la liberté d’association et la protection du droit syndical, et la n°98 sur le droit d’association et négociation collective.
L’approbation finale de la ratification est attendue entre juin et septembre après un long cheminement législatif, a-t-il déclaré.
La Commission nationale des droits de l’homme a, quant à elle, exhorté le gouvernement à améliorer la protection des droits du travail. D’autres amendements juridiques sont nécessaires pour améliorer la protection des travailleurs indépendants et d’autres personnes telles que les livreurs qui ne bénéficient toujours pas d’avantages sociaux de base en raison de lacunes dans la législation du travail.
Le salaire minimum à 400 bahts est appliqué aux entreprises liées au tourisme et aux hôtels quatre étoiles comptant au moins 50 employés, selon Pairoj Chotikasathien, du ministère du Travail. Et ceci seulement dans les districts de Pathumwan et Watthana à Bangkok, dans la municipalité de Nakhon Chiang Mai à Chiang Mai, dans toute la municipalité de Phuket Khak, dans la ville de Pattaya à Chon Buri, dans la municipalité de Hua Hin à Prachuap Khiri Khan et dans le tambon Ban Phae de Rayong.
Les critiques affirment que l’augmentation ne profite qu’aux travailleurs des secteurs touristiques de certaines régions et qu’elle constitue donc une discrimination à l’échelle nationale.
Ils ont également déclaré que le gouvernement devrait aider les travailleurs à faire face à la hausse du coût de la vie et à améliorer leurs compétences dans un pays où la formation professionnelle n’existe pas.
Kiriya Kulkolkarn, de l’université Thammasat, a déclaré qu’outre une augmentation des salaires journaliers, le gouvernement doit proposer d’autres mesures pour améliorer la qualité de vie des travailleurs. Il s’agit notamment de contrôler les prix des produits de consommation courante, a-t-elle expliqué.
Le secteur industriel a besoin d’aider les petites et moyennes entreprises (PME) à se moderniser et accroître les compétences des travailleurs, a-t-elle déclaré. Mme Kiriya ajoute que si la hausse des salaires de 400 bahts profite aux employés, elle nuira aux PME qui manquent de ressources financières.
Elle a déclaré que le salaire minimum en Thaïlande est plus élevé qu’au Cambodge, au Laos, au Myanmar et au Vietnam, mais que les compétences des travailleurs thaïlandais ne sont pas meilleures que dans ces 4 pays et ne peuvent pas être comparées à celles de Singapour, de Malaisie et d’Indonésie.
Chalee Loysoong, du Comité de solidarité des travailleurs thaïlandais, a déclaré qu’il n’était pas d’accord avec les augmentations de salaire effectuées uniquement dans certaines parties des 10 provinces. La hausse devrait s’appliquer à tous les types de carrière dans toutes les provinces, a-t-il déclaré. Il a déclaré que le gouvernement devrait jouer un rôle plus important dans l’amélioration des compétences.
Avant le 1er janvier, les salaires minimums se situaient entre 328 et 354 bahts. Les augmentations symboliques vont de 2 à 16 bahts, soit une moyenne de 2,37 %.
Le Premier ministre Srettha Thavisin a déclaré que le gouvernement ferait pression pour des augmentations du salaire minimum dans d’autres domaines et types d’entreprises. Pheu Thai avait promis un taux de 400 bahts lors de sa campagne électorale l’année dernière, inquiétant les entreprises qui affirmaient que cela risquait de rendre le pays moins compétitif alors que ce qui rendrait le pays compétitif serait un système éducatif performant.
Une enquête récente suggère que si le salaire minimum journalier atteignait 400 bahts dans tout le pays, le PIB pourrait croître de 2,6 %. Cette légère augmentation de salaire donnerait un coup de fouet plus durable que la manne de 10 000 bahts qui risque de se perdre dans le sable au soir des virements bancaires.
