
La Banque de Thaïlande poursuit sa stratégie d’assouplissement monétaire face à un ralentissement économique de plus en plus marqué. Mercredi, le Comité de politique monétaire (MPC) a voté à l’unanimité une nouvelle baisse de 25 points de base, ramenant le taux de rachat à un jour à 1,25 %. C’est la cinquième réduction depuis octobre 2024, soit 125 points de base en un peu plus d’un an.
Pour la banque centrale, le diagnostic est clair : l’économie thaïlandaise montre « un ralentissement plus net » que lors de la précédente réunion. Les chiffres confirment cette tendance. Après une croissance de 2,8 % au deuxième trimestre, le PIB n’a progressé que de 1,2 % au troisième, et le quatrième trimestre devrait tomber sous la barre de 1 %. Le Conseil national de développement économique et social prévoit une croissance limitée à 1,7 % en 2026, contre 2 % estimés cette année.
Une économie plombée par les exportations et un baht trop fort
Les perspectives ne s’améliorent guère pour 2026 et 2027 : la Banque de Thaïlande anticipe une croissance de 1,5 %, puis 2,3 %, des niveaux jugés insuffisants et inférieurs à ceux des voisins d’Asie du Sud‑Est. Le ralentissement de la consommation privée et l’impact des tarifs américains sur les exportations pèsent lourd. Après un bond exceptionnel de 12 % cette année, dû à des commandes anticipées, les exportations ne progresseraient que de 0,6 % en 2026.
Autre défi : la flambée du baht. La monnaie thaïlandaise s’échangeait mercredi autour de 31,53 baht pour un dollar, proche d’un plus haut de quatre ans. Elle s’est appréciée de 8,2 % depuis janvier, compliquant la vie des exportateurs et aggravant les difficultés de trésorerie des petites entreprises. La banque centrale affirme surveiller la situation « de plus près » et renforcer ses mesures de gestion du taux de change.
Inflation faible, crédit en berne
L’inflation, elle, n’est pas un problème. Avec une croissance inférieure à son potentiel, les pressions inflationnistes restent faibles. La BoT prévoit même une inflation moyenne de –0,1 % en 2025, puis 0,3 % et 1 % en 2027, bien en dessous de sa cible de 1 à 3 %.
Malgré la baisse des taux, le crédit continue toutefois de se contracter, et la qualité des emprunts des ménages les plus fragiles se détériore.
Une politique monétaire en première ligne
Pour les analystes, cette nouvelle baisse traduit l’inquiétude du MPC. La dissolution du Parlement ralentit les politiques budgétaires, et le gel du programme de co‑paiement « Khon La Khrueng » prive l’économie d’un soutien attendu. « C’est à la politique monétaire de prendre le relais », estime Kasikorn Research Center, qui prévoit une croissance limitée à 1,6 % en 2026.
Les tensions frontalières avec le Cambodge pourraient même entraîner une fermeture prolongée des postes frontaliers, pesant encore davantage sur les exportations régionales. Autant dire que la Banque de Thaïlande n’a pas fini de manier l’arme des taux pour tenter de stabiliser une économie en perte d’élan.



