
La Banque mondiale prévoit un ralentissement de la croissance économique thaïlandaise, avec un taux de 1,8 % en 2025 et 1,7 % en 2026, contre 2,5 % en 2024. Ce recul s’explique par des facteurs internes et externes : faible progression des exportations, ralentissement du tourisme — particulièrement en provenance de Chine — et affaiblissement de la demande intérieure, imputable à la baisse des investissements privés et à une consommation plus modérée.
Les dépenses des ménages devraient fléchir, en raison d’un endettement élevé (87,9 % du PIB) et d’une faible croissance des revenus. Toutefois, les mesures de relance budgétaire ainsi que les aides ciblées permettront d’atténuer partiellement les effets de ce ralentissement. L’investissement public, après plusieurs retards, devrait rebondir et compenser en partie la faiblesse du secteur privé.
Le scénario pourrait s’améliorer en cas de détente sur le plan commercial mondial et de reprise de l’investissement privé, permettant une croissance allant jusqu’à 2,2 % en 2025. Une mise en œuvre accélérée des projets d’infrastructure et des mesures de relance serait également favorable. À l’inverse, une intensification des tensions commerciales, un tourisme inférieur aux attentes ou une incertitude politique prolongée pourraient alourdir le climat économique, retarder le budget et affaiblir la confiance du secteur privé. Une guerre avec le Cambodge pourrait ne pas favoriser l’économie thaïlandaise.
Le déficit budgétaire s’est creusé à 6,3 % du PIB au premier semestre 2025, principalement en raison des dépenses de relance inopérantes et d’investissements. La dette publique atteint désormais 64,4 % du PIB, soit une augmentation de 23 points depuis 2019. Par ailleurs, malgré une bonne capitalisation des banques, leur rentabilité est mise à l’épreuve par des pratiques de crédit prudentes et une faible demande.
L’excédent du compte courant devrait rester élevé (2,3 % du PIB en 2025), mais fléchir à 2,0 % en 2026 dans un contexte de ralentissement du commerce mondial. La concentration des exportations sur une gamme étroite de produits expose le pays à des chocs extérieurs.
L’inflation restera faible (0,3 % en 2025 et 1,0 % en 2026), reflétant une demande intérieure atone. Cette situation offre de la marge pour un assouplissement monétaire, mais signale également une fragilité structurelle.
La Banque mondiale recommande de favoriser une croissance basée sur la productivité, avec un accent sur les services numériques, les investissements de qualité, la diversification commerciale et le développement du capital humain, une donnée que les gouvernements thaïlandais ont toujours négligée. Des réformes structurelles dans les secteurs des services et de l’agriculture sont jugées cruciales pour une reprise résiliente et inclusive.