
À Bangkok, les milieux d’affaires tirent la sonnette d’alarme. Alors que le Parti Pheu Thai a accepté de rejoindre l’opposition et que l’élection d’un nouveau Premier ministre est prévue le 5 septembre, l’hypothèse d’un gouvernement minoritaire fait craindre une paralysie budgétaire aux conséquences économiques majeures.
À ce jour, seulement 50 % du budget 2025 a été déboursé, bien en dessous de la moyenne historique de 60 %. Pour Kriangkrai Tiannukul, président de la Fédération des industries thaïlandaises, cette instabilité prolongée empêche le gouvernement de soutenir les entreprises au moment où elles en ont le plus besoin.
Le commerce transfrontalier avec le Cambodge s’effondre : les exportations de juillet ont chuté de 97 %, ne représentant que 370 millions de bahts. Les entrepreneurs réclament un exécutif opérationnel sans délai.
La situation inquiète aussi les milieux bancaires. Payong Srivanich, président de l’Association des banquiers thaïlandais, redoute une dégradation de la note de crédit du pays, alors que les investissements sont gelés et que les dépenses publiques stagnent.
Le secteur du tourisme, pilier de l’économie, pourrait être le plus durement touché. Malgré des prévisions de 35 à 36 millions de visiteurs en 2025, les professionnels craignent que l’absence de relance budgétaire compromette la reprise lors du quatrième trimestre, période cruciale.
Face à l’impasse, Poj Aramwattananon, président de la Chambre de commerce, soutient l’idée d’un gouvernement transitoire de quatre mois, jugé comme la meilleure option pour éviter un effondrement économique.
Le gouverneur sortant de la Banque de Thaïlande, Sethaput Suthiwartnarueput, prévoit une croissance de seulement 1,7 % en 2026, contre 2 % cette année. Il avertit qu’un retard budgétaire pourrait aggraver la situation, déjà fragilisée par les dettes des ménages, les tensions commerciales et une inflation négative depuis avril.
Son successeur, Vitai Ratanakorn, prendra ses fonctions le 1er octobre. Partisan de baisses de taux prolongées, il pourrait orienter la politique monétaire vers un soutien plus agressif à l’économie. Mais sans stabilité politique, même les meilleures mesures risquent de rester sans effet.