La Cour constitutionnelle thaïlandaise a accepté d’examiner une requête de la Commission électorale de Thaïlande visant à dissoudre le Parti Move Forward (MFP), le parti qui a gagné les élections de 2023 et qui se retrouve maintenant dans l’opposition.
Cette importante décision fait suite à la promesse de campagne du MFP de réformer légèrement la loi de lèse-majesté, qui interdit toute insulte à la monarchie. Cette même Cour constitutionnelle avait précédemment déclaré que proposer une telle réforme pouvait être considéré comme de la haute trahison et menaçait la monarchie. Ceci a encouragé la Commission électorale à saisir cette même Cour Constitutionnelle, c’est ce qui s’appelle se passer les plats.
Le MFP a gagné en popularité, en particulier parmi les jeunes électeurs, grâce à son programme progressiste, qui comprend non seulement la proposition controversée d’amendement de la loi de lèse-majesté, mais se concentre également sur des questions telles que les inégalités économiques et les politiques environnementales.
Cependant, cette position heurte l’armée et les éléments plus conservateurs de la politique thaïlandaise, qui considèrent toute tentative de modification de la loi sur le lèse-majesté comme un défi direct à la monarchie, une institution fondamentale en Thaïlande.
Les observateurs considèrent que ce régime militaire « tient » toujours la plupart des leviers dans le royaume dont la « justice ».
La décision du tribunal de se saisir de la plainte contre le MFP et de rendre un jugement qu’on attend sévère met en évidence les profondes divisions au sein de la société thaïlandaise sur le rôle de la monarchie et l’étendue de la liberté d’expression.
Le MFP dispose désormais de 15 jours pour répondre aux allégations, ouvrant ainsi la voie à une confrontation juridique et politique qui pourrait avoir de vastes implications pour l’avenir de la Thaïlande. Les observateurs considèrent qu’une dissolution du MFP poussera encore plus la population dans les bras des progressistes réunis dans un nouveau parti.
Par ailleurs, cette semaine, le ministre de la Défense Suthin Klangsaeng, alors que les rumeurs de coup d’état se répandaient, a expliqué que si la majorité de la population s’y oppose, l’armée aura du mal à faire un énième putsch. Cette déclaration que d’aucuns ont trouvé maladroite rappelle qu’un coup d’état militaire peut survenir n’importe quand en Thailande.
S’il devait y avoir un coup d’état militaire contre le gouvernement actuel, il n’aurait rien à voir avec Future Forward et serait motivé par la frustration de l’armée de ne pas avoir obtenu les budgets demandés. En réponse, le ministre Suthin pourrait très bien laisser la place à un ex-putschiste comme Prawit Wongsuwon.