Une crise aiguë des compétences « coûte 20 % du PIB »
Pour beaucoup, la maîtrise de la lecture, les compétences numériques et de socialisation sont inférieures aux « seuils » minimums, selon la Banque mondiale
Un nouveau rapport de la Banque mondiale indique que les deux tiers des jeunes et des adultes thaïlandais ne savent pas réellement lire.
Un très grand nombre de jeunes et d’adultes en Thaïlande ne peuvent pas effectuer les tâches de lecture et d’informatique de base, ont tendance à ne pas vraiment communiquer avec les autres et ne sont pas ouverts aux nouvelles idées, indique le rapport « Favoriser les compétences fondamentales en Thaïlande : d’une crise des compétences à une Société d’apprentissage ».
L’analyse contenue dans le rapport publié mardi est basée sur la première évaluation à grande échelle de ce type auprès des jeunes et des adultes du pays.
L’évaluation mesurait les compétences en lecture, les compétences numériques et de socialisation des personnes âgées de 15 à 64 ans. Elle a été développée en collaboration entre la Banque mondiale et l’Equitable Education Fund (EEF), ainsi que l’Université Thammasat.
Selon le rapport, 64,7 % des jeunes et des adultes en Thaïlande se situent en dessous des seuils de base en lecture ; ils peuvent à peine comprendre des textes courts comme suivre des prescriptions médicales.
En termes de compétences numériques fondamentales, 74,1 % sont également incapables, ce qui signifie qu’ils ont des difficultés à utiliser un stylet et un clavier sur un ordinateur portable. Ils ne peuvent même pas effectuer des tâches simples, comme trouver le prix correct d’un produit sur un site d’achat en ligne.
Quant aux compétences de socialisation fondamentales, 30,3 % des jeunes et des adultes sont incapables de prendre des initiatives ou de faire preuve de curiosité et d’imagination. L’école thaïlandaise empêche les jeunes de prendre des initiatives et de faire preuve de curiosité et d’imagination.
Le coût économique d’une alphabétisation et de compétences numériques inférieures au seuil minimum est estimé à 3 300 milliards de bahts, soit 20,1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2022, indique le rapport.
La crise des compétences est plus aiguë parmi les personnes âgées (40 ans et plus), les jeunes adultes (moins de 40 ans) sans diplôme d’études supérieures et ceux qui vivent dans les zones rurales et dans les régions du nord et du sud du pays, indique le rapport.
Malgré ces contre-performances, le rapport juge encourageant le fait que le gouvernement thaïlandais fait preuve d’un engagement à résoudre la crise des compétences.
Mais la crise des compétences fondamentales persiste malgré les intentions du gouvernement. Le rapport recommande des moyens en particulier pour les groupes les plus vulnérables.
Les recommandations portent sur l’amélioration de l’approche des éducateurs, l’offre d’apprentissage décentralisée, des instruments innovants pour contribuer à améliorer l’apprentissage et des campagnes d’information.
Prasarn Trairatvorakul, président du conseil d’administration de l’EEF, a exhorté le gouvernement à développer rapidement les compétences fondamentales des citoyens en améliorant l’éducation et la formation professionnelle et en favorisant une culture d’apprentissage, en particulier parmi les groupes vulnérables.
Les recherches conjointes de l’EEF et de la Banque mondiale visent à aider la Thaïlande à sortir du piège du revenu intermédiaire. Elle est devenue une économie à revenu intermédiaire supérieur en 2011, mais n’a pas progressé depuis à cause de choix politiques assumés par la junte.
Dans le même temps, un pays communiste comme le Vietnam a tout misé sur l’éducation considérant que les investisseurs étrangers préféreront toujours des pays où la population sait lire, manier une souris et prendre des initiatives.
