
Alors que le cessez-le-feu entre la Thaïlande et le Cambodge tient difficilement après cinq jours d’escarmouches fin juillet, les économistes tirent la sonnette d’alarme. Un conflit prolongé de trois mois pourrait coûter jusqu’à 181,7 milliards de bahts aux deux pays, entre pertes commerciales, ralentissement du tourisme et déplacements massifs de travailleurs cambodgiens.
Selon le Dr Aat Pisanwanich, spécialiste en économie internationale, la probabilité d’une reprise des hostilités atteint 80 %, en raison de disputes territoriales non résolues. Il estime que les pertes économiques s’élèveraient à 60,6 milliards de bahts en un mois, 121,1 milliards en deux mois et jusqu’à 181,7 milliards en trois mois. Pour la Thaïlande, l’addition a déjà commencé : 10 milliards de bahts perdus sur la seule période d’escalade.
Les provinces frontalières de Sa Kaeo et Trat, habituellement dynamiques, sont paralysées. Le président de l’Association de la restauration, Sorathep Rojpotjanaruch, prévoit que jusqu’à 50 milliards de bahts d’exportations pourraient s’évaporer en cas de prolongation du conflit. Au-delà de six mois, les pertes se chiffreraient en centaines de milliards. Le Cambodge, inquiet des blocages, pourrait redéployer ses chaînes d’approvisionnement vers le Laos, le Vietnam ou la Chine.
Le secteur touristique, pilier de l’économie, se prépare à encaisser le choc. L’Association des agents de voyages thaïlandais (ATTA) propose trois scénarios : une normalisation rapide permettrait d’atteindre les 35 millions de visiteurs étrangers prévus. Mais une crise de trois mois ferait baisser les prévisions à 33-34 millions, tandis qu’une impasse prolongée menacerait la haute saison 2026, en particulier pour les marchés européens et américains.
Malgré la trêve signée le 28 juillet, des tirs isolés continuent d’être signalés côté thaïlandais, incitant Bangkok à alerter ses partenaires internationaux, dont l’ASEAN, les États-Unis et la Chine. Le Cambodge, lui, reste sur la défensive et explore des alternatives commerciales plus stables, moins exposées à l’instabilité politique.