Le gouvernement ne pourra pas distribuer 10 000 bahts en monnaie numérique le 1er février comme prévu, car il faudra plus de temps pour développer un système sécurisé, selon le vice-ministre des Finances Julapun Amornvivat.
« Cela nécessite une sécurité maximale mais je peux confirmer que nous travaillerons pour que la distribution commence au cours du premier trimestre de l’année prochaine », a-t-il déclaré jeudi.
Premier trimestre signifie avant le 31 mars. Si tel est le cas, le retard est minime.
Le Premier ministre Srettha Thavisin avait précédemment fixé au 1er février la date du lancement du programme, pièce maîtresse du plan du parti Pheu Thai visant à relancer l’économie.
« Le Premier ministre nous a demandé d’être prêts à distribuer l’argent d’ici le 1er février, mais j’avoue que nous ne pouvons pas y parvenir car nous devons prendre le temps de développer un système stable et sécurisé. », a déclaré M. Julapun, qui est également député Pheu Thai de Chiang Rai.
Il a également reconnu qu’un comité travaillant sur les sources de financement du programme n’a pas pu parvenir à une conclusion jeudi. Il se réunira à nouveau mardi.
Le gouvernement de Srettha prévoit de distribuer 10 000 bahts en monnaie numérique à chaque Thaïlandais âgé de 16 ans et plus, pour un coût estimé à 548 milliards de bahts. La distribution pourrait se faire via une nouvelle « super application » , a indiqué le gouvernement.
M. Srettha a déclaré que l’effet multiplicateur d’une augmentation des dépenses de consommation pourrait aider l’économie à croître jusqu’à 5 % l’année prochaine. Une augmentation des recettes fiscales provenant de l’activité économique contribuerait à financer en partie le projet, affirme-t-il.
Mais un nombre croissant d’économistes, dont deux anciens gouverneurs de la Banque de Thaïlande, estiment que cette politique présente un risque trop important pour l’économie à un moment où la dette publique atteint ses limites.
Une idée avancée par le gouvernement est que l’argent destiné à soutenir le projet provienne d’emprunts auprès de diverses entités publiques, de telle sorte que la somme ne soit pas considérée comme une dette publique.
De nombreux critiques ont déclaré que l’argent ne devrait être accordé qu’à ceux qui en ont réellement besoin, et le gouvernement a reconnu que le programme pourrait être révisé pour exclure les riches .
Dans le même ordre d’idées, l’ancienne sénatrice Rosana Rositrakul (extrême droite) a déposé jeudi une requête auprès du Bureau national d’audit (SAO), lui demandant d’examiner et de suspendre le système de portefeuille numérique, affirmant qu’il est potentiellement préjudiciable voire anticonstitutionnel.
« Le projet de portefeuille numérique de 10 000 bahts peut être comparé au programme d’achat de riz par le gouvernement de Yingluck Shinawatra, qui a abouti à l’emprisonnement de plusieurs ministres », a déclaré Mme Rosana.
Le comité de développement économique de la Chambre des représentants, quant à lui, a entendu jeudi les points de vue d’un responsable de la Banque de Thaïlande et d’autres personnes sur les bénéfices de cette aide.
Daranee Saeju, de la banque centrale, a noté que l’objectif principal de la manne est de stimuler la consommation. Mais de l’avis de la banque centrale, cela n’est pas nécessaire étant donné que la consommation augmente et que le marché du travail se redresse également. Elle a dit que cette politique n’en valait peut-être pas la peine.
Le député du parti Move Forward (gauche), Sithipol Wibulthanakul, président du comité, a déclaré que le représentant du ministère des Finances n’était pas en mesure d’expliquer la provenance de l’argent destiné au programme.
M. Sithipol a déclaré qu’il souhaitait que le gouvernement prenne en considération les avantages et les inconvénients du projet, les sources de financement et les impacts possibles à court et à long terme sur l’économie.
Le gouvernement a déjà évoqué de reporter la construction de lignes de métro, pour des motifs fallacieux, on peut se demander si ce n’est pas pour transférer certains budgets en infrastructure vers le portefeuille numérique.
Ci-dessous, le ministre Julapun rencontre les pro-manne qui sont évidemment très nombreux dans le pays.