
Une déclaration du ministère thaïlandais de l’Agriculture, publiée mardi dans le Journal Officiel (Royal Gazette), vise à renforcer les mesures contre la pollution atmosphérique liée aux particules PM2,5, en ciblant notamment les agriculteurs pratiquant le brûlage des cultures ou écobuage.
Selon l’annonce, les PM2,5 (particules fines de 2,5 micromètres ou moins) nuisent à la qualité de vie et à l’environnement. Le brûlage des parcelles agricoles est identifié comme une source majeure de pollution. Les autorités sont chargées de surveiller étroitement ces pratiques et de collaborer avec les comités villageois pour enquêter sur les incidents.
Les agriculteurs impliqués dans le brûlage seront exclus des projets de soutien. Les agences responsables doivent s’assurer que les bénéficiaires de ces programmes respectent l’interdiction. Il n’est pas spécifiquement précisé si ces « programmes de soutien » correspondent à des subventions ou à de simples conseils.
L’annonce ne parle pas de mesures sérieuses, comme des amendes ou des peines de prison.
Mercredi, les niveaux de PM2,5 dans la capitale dépassaient les seuils de sécurité, atteignant en moyenne 56 µg/m³ contre une norme nationale de 37,5 µg/m³ (en France seulement 25). À Chiang Mai, on atteignait les 61 µg/m³. Les années passées, en février et mars, l’air de Chiang Mai était moins respirable que celui de Bangkok, car les paysans brûlent davantage leurs champs dans le Nord, par ailleurs, les fumées générées en Birmanie retombent sur la ville thaïlandaise.
L’Agence spatiale thaïlandaise a détecté 1 009 foyers d’incendie dans le royaume, dont 284 dans des zones forestières protégées. La province de Tak enregistre le plus grand nombre (133), suivie de Kanchanaburi (94) et Chaiyaphum (75). À l’étranger, le Cambodge compte 1 329 points chauds, devant le Myanmar (635) et le Laos (411).
De son côté, le Conseil national de l’environnement, a approuvé un « Plan national 2025-2027 contre la pollution » qui conseille :
- – L’obligation pour les sucreries d’utiliser 100 % de canne à sucre fraîche pour garantir zéro débouché pour les cannes à sucre brûlées.
- – Le contrôle des importations liées à l’agriculture sur brûlis, mais on ne sait pas comment, en pratique, cette mesure peut être mise en œuvre.
- – La création de zones à faibles émissions et des péages urbains.
- – L’encadrement des industries pour des processus moins polluants. On ne sait pas ce que cela signifie.
- – Une gestion renforcée des forêts et des aménagements urbains favorisant la circulation de l’air.
On constate que les mesures suggérées par le Conseil national de l’environnement sont largement édulcorées par le ministère de l’Agriculture, sans doute parce que les paysans sont des électeurs.
Pour preuve de la grande mansuétude dont bénéficient les pollueurs, mardi, 33 personnes ont été condamnées à une amende de 500 bahts chacune pour avoir provoqué un incendie dans la forêt de Phu Huay Na Ngiew (province de Loei), détruisant 400 rai (64 hectares). Plus de 30 volontaires ont mis plus d’une journée à maîtriser les flammes. 500 bahts pour avoir mis le feu à une forêt, c’est évidemment symbolique et cela montre le faible niveau d’intérêt que les autorités accordent à l’environnement.