
La Thaïlande connaît un bouleversement dans son marché touristique : au premier semestre de l’année, la Malaisie a devancé la Chine en nombre d’arrivées, devenant ainsi le premier marché entrant avec 2,29 millions de visiteurs. En comparaison, la Chine enregistre une forte chute de 34,1 %, descendant à 2,26 millions de touristes. Cette baisse suscite de vives inquiétudes pour la basse saison à venir, malgré des tentatives de relance par des tournées de promotion dans plusieurs villes chinoises.
Le président de la Fédération du tourisme de Chonburi, Thanet Supornsahasrungsi, reste sceptique quant à une reprise rapide du marché chinois. Il souligne plusieurs facteurs de désaffection : une perception de la Thaïlande comme trop chère, une baisse du rapport qualité-prix, et une réputation ternie par des reportages critiques.
Dans ce contexte, les touristes chinois se tournent vers des destinations plus abordables, comme le Vietnam ou le Cambodge. En revanche, d’autres marchés montrent des signes positifs : l’Inde (+13,8 %), la Russie (+12,3 %), et l’Europe (+16,6 % avec 4,3 millions d’arrivées), avec de bonnes prévisions pour la haute saison, notamment dans des lieux populaires comme Pattaya.
La région Asie-Pacifique, dans son ensemble, subit néanmoins une contraction (-12 %) des arrivées en Thaïlande. Pour contrer cette tendance, le gouvernement lance une campagne de stimulation incluant un roadshow réunissant 60 opérateurs thaïlandais et 1 000 agents chinois, avec des subventions sur les vols charters allant jusqu’à 350 000 bahts par vol.
Face à cette instabilité, l’industrie thaïlandaise du tourisme s’oriente vers des stratégies adaptatives pour regagner son attractivité en Asie du Sud-Est, consciente que la reprise exigera des ajustements fins et soutenus.
De son côté, Anutin Charnvirakul, chef du parti Bhumjaithai, critique la politique du gouvernement Pheu Thai visant à légaliser les casinos dans des complexes de divertissement, affirmant qu’elle a provoqué une chute importante du tourisme chinois. Il appelle au retrait définitif du projet de loi tout en dénonçant les tensions politiques et les pressions exercées sur Bhumjaithai.
Pékin aurait exprimé à plusieurs reprises son inquiétude lors de négociations bilatérales, mettant en garde contre les effets néfastes de cette politique sur le commerce, l’investissement et le tourisme. Anutin exhorte le gouvernement à abandonner publiquement cette initiative afin d’éviter une aggravation des conséquences économiques.
Selon le célèbre journaliste Pravit Rojanaphruk, si les dirigeants chinois ont effectivement fait pression sur la Thaïlande en demandant à trois reprises d’abandonner le projet de complexe de divertissement, cela signifie probablement que la Chine s’inquiète pour ses casinos de Macau, voire pour les casinos cambodgiens où elle possède des intérêts. Si les affirmations d’Anutin sont vraies, cela constitue une ingérence étrangère inacceptable, conclut-il.
D’ailleurs, « La Thaïlande doit protéger ses intérêts nationaux et éviter un alignement aveugle avec la Chine », a déclaré le Premier ministre par intérim, Phumtham Wechayachai, en réponse aux remarques d’Anutin Charnvirakul. Phumtham souligne que la souveraineté nationale devait primer.