La Thaïlande est prête à accueillir jusqu’à 100 000 réfugiés birmans dans des abris temporaires si le conflit s’intensifie encore, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Parnpree Bahiddha-nukara. Il a également réfuté les affirmations selon lesquelles le vol affrété par Myanmar National Airlines qui avait atterri à Mae Sot dimanche était destiné à transporter des soldats, des armes ou de l’argent de la junte birmane.
Ses remarques interviennent après que les groupes anti-junte ont pris le contrôle de plus de 80 % de Myawaddy, clé du commerce terrestre entre le Myanmar et la Thaïlande. La junte a déjà été expulsée de zones importantes le long de la frontière chinoise dans l’État Shan et de la frontière du Bangladesh dans l’État Rakhine.
Des rapports indiquent que la junte préparait des frappes aériennes pour affronter les opposants quitte à frapper des civils, ce qui pourrait entraîner un afflux de réfugiés birmans en Thaïlande.
Parnpree a réaffirmé la neutralité de la Thaïlande dans le conflit, répondant aux inquiétudes concernant la décision du gouvernement thaïlandais d’autoriser l’avion affrété par la junte du Myanmar à atterrir à Mae Sot dimanche soir. Le vol aurait été destiné à évacuer de Myawaddy vers Yangon les soldats et les fonctionnaires de la junte birmane qui se sont rendus.
On peut se demander si « neutralité » n’est pas, de facto, un soutien à la junte qui n’a rien de légitime. En tous cas, c’est ainsi que le voient certains membres de l’ASEAN comme l’Indonésie et la Malaisie.
Le ministère des Affaires étrangères avait précédemment déclaré que le gouvernement avait approuvé la demande de l’ambassade du Myanmar concernant trois vols affrétés pour des raisons « humanitaires ». Le ministère a précisé qu’aucun militaire ni arme n’était à bord du vol initial qui a atterri dimanche, et que les deux vols restants ont ensuite été annulés.
Parnpree a expliqué que l’avion « humanitaire » était destiné à l’évacuation de civils, fonctionnaires servant la junte. Il a noté que même si certains fonctionnaires étaient censés monter à bord du vol, l’échec des négociations entre la junte et les opposants a empêché leur départ. Il a également déclaré que le vol transportait uniquement des documents gouvernementaux sensibles, mais aucun passager. De plus, il a démenti les informations selon lesquelles le vol transportait de l’argent à destination de Yangon.
Pourtant, L’agence de presse Khit Thit Media a cité des sources à Naypyidaw, la capitale du Myanmar, disant qu’au moment où l’avion ATR 72-600 de Myanmar National Airlines a atterri à l’aéroport de Mae Sot dimanche à 20h30, certaines banques privées birmanes proches de la frontière ont emballé de l’argent dans des cartons qu’ils ont apportés à l’aéroport via le deuxième pont de l’amitié Thaïlande-Myanmar qui était encore ouvert.
Le Premier ministre Srettha Thavisin a déclaré sur X, à l’issue d’une réunion d’urgence sur l’évolution de la guerre au Myanmar, que la Thaïlande était prête à faciliter la coopération de tous pour parvenir rapidement à la paix au Myanmar. Il n’a pas expliqué ce que cela signifie ni s’il met au même niveau la junte et la population.
En outre, la Thaïlande est prête à faire face à tout impact sur le commerce frontalier, a-t-il ajouté. Un comité sera créé sous l’égide du ministère des Affaires étrangères, qui comprendra le Conseil national de sécurité, pour travailler sur les questions politiques, sociales et économiques, a-t-il ajouté.
Le commerce transfrontalier à la frontière de Mae Sot entre la Thaïlande et le Myanmar se poursuivait comme d’habitude mardi après la défaite des troupes de la junte militaire dans la municipalité de Myawaddy, tombée presque totalement aux mains des forces Karen dimanche soir.
Cependant, le nombre de camions transportant des marchandises était inférieur à la normale. Le nombre de ressortissants thaïlandais et birmans traversant la frontière mardi est toujours le même, selon des observateurs sur place. Mais ils ne précisent pas qui tient le poste frontière et la douane, côté birman.
Certains habitants de Myawaddy qui ont des parents ou des maisons à Mae Sot ont déplacé leurs biens du côté thaïlandais pour des raisons évidentes.
« Ni les Karens ni la junte ne veulent perdre les bénéfices du commerce transfrontalier, vital pour l’économie du Myanmar », a déclaré Krit Ungwitoonsatit, de la chambre de commerce birmano-thailandaise, ajoutant qu’il restait convaincu que le conflit n’aurait pas d’impact significatif sur les importations et les exportations. Toutes les routes reliant la Thaïlande à Myawaddy restent ouvertes.
« Cependant, si la situation à Myawaddy s’aggrave, les exportateurs peuvent utiliser d’autres postes frontières comme ceux de Mae Sai-Tachileik et Ranong-Kawthaung. expliquent les commerçants
Avec 106,83 milliards de bahts de volume commercial enregistré en 2023, Mae Sot est le deuxième plus grand poste frontière commercial de Thaïlande après Sa Dao à Songkhla (vers la Malaisie).
Les combattants de l’Union nationale Karen (KNU) et des Forces de défense du peuple (PDF) ont intensifié leurs attaques contre le dernier bataillon de l’armée qui résiste.
Les combats les plus violents ont lieu à Pa Song, une base de l’armée située en hauteur. Depuis le début de l’attaque, les forces de la junte présentes sur la base ont subi de lourdes pertes et, comme les routes d’approvisionnement ont été coupées, on s’attend à ce qu’elles se rendent bientôt.
La ville de Pa Song est un point important pour l’approvisionnement en marchandises depuis la frontière thaïlandaise jusqu’à Loikaw, la capitale de l’État de Kayah, où sont stationnés deux bataillons des troupes de la junte qui ne peuvent pas quitter leur base de peur de la perdre.
Les forces de la junte basées à Pa Song avaient repéré un convoi de camions entrant en ville et avaient demandé par radio une frappe aérienne qui a en fait détruit la nourriture destinée aux personnes réfugiées dans diverses forêts de cet État et font partie des personnes les plus vulnérables au monde. La junte a montré depuis plusieurs mois qu’elle s’est mise en mode « Bachar », c’est à dire qu’elle ne rechigne pas à bombarder sa propre population. L’ONU a dénoncé cet état de fait à de moult reprises.
L’ATR de la discorde à Mae Sot
