
La Thaïlande a expulsé 40 détenus ouïghours vers la Chine après près de 11 ans de détention dans le pays. Cette décision, prise après avoir reçu des assurances de la Chine qu’ils seraient bien traités, a été confirmée par le ministre de la Défense thaïlandais, Phumtham Wechayachai. L’expulsion a été réalisée conformément aux normes internationales, selon les autorités thaïlandaises, mais elle a suscité une vague de critiques de la part des militants des droits de l’homme et des organisations internationales.
Les défenseurs des droits de l’homme, dont Phil Robertson de Human Rights Watch, ont vivement critiqué cette décision, affirmant que la Thaïlande devrait démissionner de son siège au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour avoir violé le principe de non-refoulement. Ce principe interdit le retour de personnes vers des pays où elles risquent la torture ou la persécution. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a exprimé ses regrets face à cette expulsion, soulignant que la Thaïlande a manqué à ses obligations internationales.
Les Ouïghours expulsés faisaient partie d’un groupe plus large qui avait fui la Chine en 2014 pour échapper à la répression. La plupart avaient été arrêtés près de la frontière avec la Malaisie et détenus depuis lors dans des conditions précaires. Certains avaient été libérés en Turquie, tandis que d’autres avaient été expulsés vers la Chine en 2015. Les conditions de détention en Thaïlande étaient décrites comme étouffantes et exiguës, sans accès adéquat aux services juridiques ou aux familles.
L’expulsion a été réalisée dans le cadre d’une opération secrète, impliquant des véhicules de détention aux fenêtres couvertes et une escorte policière pour empêcher toute surveillance. Les détenus ont été transportés par avion vers Kashgar, dans la région autonome ouïghour du Xinjiang en Chine. Les autorités chinoises ont affirmé que ces individus avaient été « ensorcelés par des organisations criminelles » et qu’ils seraient réunis avec leurs familles. Cependant, les groupes de défense des droits de l’homme craignent qu’ils ne soient soumis à la torture et à des disparitions forcées.
La décision de la Thaïlande a également suscité des réactions internationales, notamment de la part des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Allemagne, qui ont condamné l’expulsion et appelé la Chine à respecter les droits de l’homme. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a exprimé sa préoccupation, soulignant que cette expulsion pourrait nuire aux relations entre la Thaïlande et les États-Unis.
La situation des Ouïghours en Thaïlande est compliquée par le fait qu’ils sont considérés comme une question de sécurité nationale, ce qui les place sous la compétence du Conseil de sécurité nationale plutôt que des autorités de l’immigration. Cela les prive de l’accès au mécanisme national de dépistage des réfugiés, conçu pour permettre aux demandeurs d’asile de vivre dans le pays et d’accéder aux services publics.
En fin de compte, cette expulsion met en lumière les tensions entre les obligations internationales en matière de droits de l’homme et les pressions politiques et économiques auxquelles sont confrontés certains pays. En effet, l’expulsion coïncide avec le rapatriement par la Chine de ressortissants chinois impliqués dans des escroqueries dans des centres d’appels à la frontière birmane. La Chine a bien aidé la Thaïlande dans ce processus.