
Arun Saronchai, de THAI ENQUIRER tire la sonnette d’alarme. La Thailande exempte les Chinois de visa pour stimuler l’afflux de touristes et finalement de nombreux Chinois s’installent en Thaïlande. Partant, la Chine souhaite que sa police intervienne directement dans le royaume. Cela soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’érosion de la souveraineté et de la sécurité nationales de la Thaïlande, selon Arun. Car on ne sait pas très ce que la police viendra faire.
Le gouvernement chinois a l’habitude de tirer parti de la présence de ses citoyens à l’étranger pour étendre son influence dans d’autres pays. Cela est particulièrement évident dans les cas du Laos et du Cambodge, où les forces de l’ordre chinoises ont établi une présence officielle significative. Cela n’a pas nécessairement amélioré la sécurité publique dans ces pays qui ont perdu en souveraineté car les autorités chinoises opèrent de manière extraterritoriale et exercent une influence considérable sur la gouvernance locale.
La Thaïlande doit rester vigilante face aux excès potentiels de la RPC, qui pourrait utiliser le prétexte de coopération policière pour étendre son influence à l’intérieur des frontières thaïlandaises. La présence d’agents chinois pourrait faciliter la répression contre les mafias. Mais les interventions chinoises, apparemment destinées à lutter les activités criminelles, ont souvent abouti au rapatriement forcé d’opposants chinois, soulevant de graves préoccupations en matière de droits humains.
Ce problème existe aussi dans certains pays d’Europe dans exactement les mêmes termes. La police chinoise était très présente, et ce officiellement, en Italie jusque récemment.
Les expériences du Laos et du Cambodge servent de mises en garde pour la Thaïlande. Ils ont cédé le contrôle des opérations de sécurité aux autorités chinoises, soutenant indirectement à la fois la répression contre les opposants et la criminalité transnationale. La zone économique spéciale du Triangle d’Or au Laos, par exemple, est devenue un haut lieu d’activités illicites, notamment le trafic de drogue et les escroqueries en ligne. Ces problèmes sont exacerbés par la faiblesse de la gouvernance locale et les intérêts stratégiques de la Chine dans la région.
Plusieurs études de cas mettent en évidence les risques associés à la présence accrue des forces de l’ordre chinoises en Asie du Sud-Est. L’avocat international des droits humains Lu Siwei, par exemple, a échappé aux autorités chinoises pour ensuite être capturé au Laos et rapatrié de force en Chine. Cet incident a suscité une condamnation internationale et prouve que la police chinoise a son propre agenda. De même, Gui Minhai, ressortissant suédois et propriétaire d’une librairie en Thaïlande, a été kidnappé par des agents chinois et emmené en Chine, où il a été emprisonné. Cette affaire met en évidence les dangers potentiels auxquels sont confrontés les ressortissants étrangers si la police chinoise agit en Thaïlande.
En outre, plus d’une décennie de patrouilles conjointes avec les forces de l’ordre chinoises le long du Mékong n’a pas freiné les activités criminelles dans la région. Quelle est l’efficacité de la police chinoise à l’étranger ? Quelles sont ses intentions ? Arun ne va pas jusqu’à dire que la police chinoise est complice des gangs mais qu’elle ne fait pas grand chose pour lutter contre les gangs chinois toujours plus actifs.
La Chine, en tant qu’acteur le plus influent de la région, pourrait jouer un rôle essentiel dans la lutte contre les activités illicites. Cependant, l’approche de Pékin est sélective, se concentrant sur l’application de la loi uniquement lorsque ses intérêts nationaux sont directement menacés.
Idéalement, les États-Unis et la Chine devraient mettre de côté leur rivalité géopolitique pour coopérer dans la lutte contre la criminalité transnationale de la région du Mékong. Les programmes conçus pour favoriser la bonne gouvernance, lutter contre la corruption, réduire la pauvreté et créer des emplois sont également essentiels pour s’attaquer aux causes profondes de la criminalité transnationale.
Arun oublie cependant que le coup d’état militaire en Birmanie a complètement déstabiliser cette région et qu’il faut d’abord restaurer un gouvernement légitime et accepté par tous dans ce pays pour pouvoir lutter contre les gangs. On notera d’ailleurs que la Chine, contrairement à ce qu’elle prétend, ne fait pas grand chose pour ramener la paix au Myanmar.
Le coût humain de la criminalité transnationale doit également être abordé. Des milliers de personnes du monde entier sont détenues contre leur gré et souvent gravement maltraitées dans des centres d’escroquerie en ligne au Myanmar, au Laos et ailleurs. Ces individus, même s’ils sont secourus ou parviennent à s’échapper, sont ensuite détenus pour des infractions liées à l’immigration ou accusés de crimes qu’ils ont été forcés de commettre. Une approche plus proactive de la part de leurs ambassades et centrée sur les victimes est nécessaire. On l’a vu récemment avec les Marocains retenus au Myanmar.