
La Thaïlande a réaffirmé qu’elle ne reconnaît pas la juridiction de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans son différend avec le Cambodge. Après un affrontement le 28 mai dans la région de Chong Bok, les deux pays ont convenu d’utiliser leurs mécanismes bilatéraux, notamment le Comité conjoint des frontières (JBC) et d’autres instances, pour gérer la situation.
Le Cambodge a soumis l’affaire à la CIJ, invoquant la nécessité d’une résolution juste et durable, mais la Thaïlande insiste sur le fait qu’elle n’est pas tenue de respecter cette juridiction, conformément à sa position depuis 1960. Elle privilégie les négociations bilatérales et prévoit de reprendre les discussions du JBC le 14 juin à Phnom Penh.
Le conflit porte sur quatre zones sensibles à la frontière, notamment dans les districts de Phanom Dong Rak et Nam Yuen. La récente escalade a entraîné la mort d’un soldat cambodgien, poussant Phnom Penh à officialiser sa démarche auprès de la CIJ, avec le soutien unanime de son Assemblée nationale et du Sénat.
La Thaïlande tiendra une réunion urgente du Conseil de sécurité nationale pour discuter d’éventuelles contre-mesures, notamment la fermeture de points de contrôle frontaliers, en réponse aux avancées cambodgiennes dans le no man’s land. Le ministre de la Défense, Phumtham Wechayachai, a affirmé que les discussions resteront strictement limitées aux zones en litige et que la Thaïlande prendra les mesures nécessaires si les tensions s’aggravent.
Les autorités thaïlandaises ont identifié cinq scénarios possibles concernant le conflit frontalier avec le Cambodge dans la région de Chong Bok :
- Discussions JBC favorables à la Thaïlande (20-40 % de probabilité) : Le Cambodge retirerait ses troupes et renoncerait à ses revendications, offrant un avantage substantiel à la Thaïlande. Évidemment improbable.
- Accord partiel lors des négociations du JBC (60-80 % de probabilité) : Les deux pays accepteraient de retirer leurs forces, mais les deux pays pourraient se sentir floués, entraînant une reprise du conflit.
- Échec des discussions du JBC et recours à la CIJ (probable pour le Cambodge) : La Thaïlande contesterait la juridiction de la CIJ, mais pourrait être vulnérable à des mesures conservatoires. Ce serait une défaite, comme précédemment, pour la Thaïlande qui pourrait, cette fois, ne pas l’accepter.
- Escalade militaire après un échec du JBC (modérément probable) : Un affrontement pourrait se produire autour des sites historiques. Avec des militaires cambodgiens armés par la Chine, le conflit serait meurtrier.
- Action militaire avant le JBC (20-40 % de probabilité) : Le Cambodge pourrait utiliser les négociations comme diversion pour une offensive. Ou bien la Thaïlande pourrait prendre prétexte d’une soi-disant agression cambodgienne pour attaquer.
Les scénarios les plus probables restent l’accord partiel ou la tentative du Cambodge de saisir la CIJ.
En Thaïlande, les oppositions de droite et de gauche font pression sur les Shinawatra. Leur stratégie va-t’en-guerre à pour but de discréditer les Shinawatra jugés trop accommodants, quitte à lancer la Thaïlande dans un conflit meurtrier. De même les ultras cambodgiens soufflent sur les braises. Les nationalistes de part et d’autre n’ont que faire de la vie des soldats et de l’effondrement économique que « la guerre la plus bête du monde » engendrerait.
Dans cet enfer d’agressivité, la sénatrice thaïlandaise Angkhana Neelapaijit a mis en garde contre toute provocation incitant l’armée thaïlandaise à intervenir contre le Cambodge. Elle exhorte la Première ministre Paetongtarn Shinawatra à privilégier la communication et les négociations. Elle souligne les relations historiques et culturelles entre les habitants des deux pays, affirmant qu’une approche pacifique est essentielle. Angkhana insiste sur l’importance des discussions pour préserver l’harmonie régionale et éviter les violations des droits humains. Elle rappelle que personne ne cédera de territoire, mais qu’un dialogue efficace pourrait offrir des solutions.
À ce stade, on ne sait toujours pas qui a ouvert le feu le 28 mai.