
La Thaïlande et le Cambodge ont signé ce dimanche 26 octobre à Kuala Lumpur une déclaration de paix en marge du sommet de l’ASEAN. Le texte, paraphé par les Premiers ministres Anutin Charnvirakul et Hun Manet, a été salué par les États-Unis et la Malaisie, représentés par Donald Trump et Anwar Ibrahim, témoins de l’accord.
Mais côté thaïlandais, la signature s’est faite avec une prudence assumée. Le chef du gouvernement a préféré parler de « déclaration commune » plutôt que d’« accord de paix », un choix sémantique destiné à rassurer les milieux nationalistes et ultranationalistes, selon le journaliste Pravit Rojanaphruk. Anutin aurait même diffusé un message en direct sur Facebook pour garantir que la souveraineté du royaume ne serait pas compromise.
Le texte prévoit quatre engagements à initier par Phnom Penh : retrait des armes lourdes à la frontière, déminage, lutte contre les crimes technologiques et gestion conjointe des zones contestées. Bangkok insiste sur le fait que la carte de 1907 admise internationalement controversée ne sera pas utilisée et qu’aucun nouveau poste-frontière ne sera ouvert. Des technologies comme le LiDAR devraient permettre une délimitation plus précise et « équitable ». Le LiDAR est une technologie de télédétection qui utilise un faisceau laser pour mesurer des distances et créer des modèles 3D précis.
Quelques heures après la signature, le Cambodge a entamé le retrait de ses équipements militaires lourds dans la province de Preah Vihear, sous supervision internationale. Les autorités cambodgiennes ont présenté ce geste comme un symbole fort en faveur de la paix.
Malgré ce premier pas, les tensions restent vives. En Thaïlande, des personnalités comme la sénatrice Angkhana Neelapaijit ont été ciblées par les nationalistes pour avoir dénoncé des actes hostiles envers des civils cambodgiens. Au Cambodge, des vidéos montrant la destruction de produits thaïlandais ont circulé. Les discours ultranationalistes, amplifiés par certains médias, compliquent la réconciliation.
Rojanaphruk estime que l’accord, bien que significatif, ne suffira pas à apaiser les tensions internes. Il appelle Anutin à écouter l’ensemble de la société thaïlandaise, au-delà des voix radicales, et à favoriser un compromis durable.
Les ultranationalistes thaïlandais ne sont pas favorables à un accord avec le Cambodge, estimant que les tensions actuelles offrent une occasion stratégique de rompre avec la carte frontalière établie en 1907 par les autorités siamoises et françaises, et de promouvoir une nouvelle délimitation plus avantageuse pour la Thaïlande. Anutin, proche de l’armée, s’emploie à rassurer ces milieux ultraconservateurs.
La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a salué cette avancée diplomatique et appelé à sa pleine mise en œuvre pour la stabilité régionale.



