
La Cour suprême thaïlandaise a réduit à 46 ans de prison ferme la peine de l’activiste Mongkol “Busbas” Thirakhot, concluant l’un des dossiers les plus lourds jamais jugés au titre de l’article 112 du Code pénal, la loi de lèse‑majesté. Âgé d’une trentaine d’années, Busbas était poursuivi pour 27 publications Facebook jugées diffamatoires envers la monarchie et contraires à la Computer Crimes Act.
Originaire de Chiang Rai, Mongkol Thirakhot s’était fait connaître lors des grandes mobilisations pro‑démocratie de 2020–2021, où il participait régulièrement aux rassemblements étudiants et aux actions du mouvement Free Youth. Il intervenait souvent en ligne, publiant des commentaires politiques critiques, ce qui lui avait valu plusieurs convocations policières dès 2021. Son cas s’inscrit dans une vague de poursuites massives : selon les organisations de défense des droits, plus de 250 personnes ont été inculpées pour lèse‑majesté depuis la reprise de l’application stricte de l’article 112 fin 2020.
En première instance, Busbas avait été condamné pour 14 publications, avant que la Cour d’appel régionale 5 n’ajoute 11 chefs d’accusation supplémentaires, portant la peine cumulée à 50 ans, la plus lourde jamais prononcée dans un dossier de lèse‑majesté. Cette décision dépassait le précédent record détenu par l’activiste Anchan Preelert, condamnée à 43 ans et 6 mois.
La Cour d’appel avait initialement fixé la peine à 33 ans, réduite à 22 ans pour coopération, avant d’ajouter les nouveaux chefs d’accusation. Depuis ce jugement, Busbas était détenu sans libération sous caution, soit 694 jours de détention préventive, jusqu’au verdict final de la Cour suprême.
La décision de jeudi met un terme à une procédure longue et très médiatisée, devenue un symbole des débats autour de l’article 112. Les organisations de défense des droits humains dénoncent depuis plusieurs années la sévérité des peines et l’usage croissant de la loi contre des internautes ordinaires. Les autorités, elles, affirment que les poursuites visent à protéger la stabilité nationale.
Avec cette peine de 46 ans, Mongkol Thirakhot rejoint la liste des condamnations les plus lourdes de l’histoire contemporaine thaïlandaise, dans un contexte où la question de l’amélioration de l’article 112 reste un sujet tabou.



