
Fitch Ratings a abaissé les perspectives de la Thaïlande de « stables » à « négatives », tout en maintenant sa note de crédit à long terme en devises étrangères à « BBB+ ». Cette révision reflète une combinaison préoccupante d’instabilité politique, de détérioration budgétaire et de croissance économique en berne.
La dette publique thaïlandaise atteint désormais 59,4 % du PIB, soit une hausse de 25 points depuis la pandémie, et se rapproche de la moyenne des pays notés « BBB ». Fitch anticipe des déficits budgétaires de 4,6 % du PIB en 2025 et de 4,3 % en 2026, sans plan clair pour les réduire au-delà.
L’instabilité politique pèse lourdement : la destitution de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra début septembre a conduit à la formation d’un gouvernement minoritaire dirigé par Anutin Charnvirakul, qui prévoit des élections anticipées dans les quatre mois. Cette incertitude compromet la continuité des politiques économiques.
La croissance prévue est modeste : 2,2 % en 2025 et 1,9 % en 2026, très en dessous des pays comparables. Le tourisme et les exportations peinent à se redresser, avec seulement 21,9 millions de visiteurs entre janvier et août 2025, en baisse de 7,4 % par rapport à 2024.
Malgré ces défis, Fitch souligne plusieurs atouts : des finances extérieures solides, un excédent courant moyen de 2,8 % du PIB sur trois décennies, une dette publique majoritairement libellée en baht, et un coût moyen de la dette relativement bas (5,7 % des recettes publiques).
La Banque de Thaïlande a abaissé son taux directeur à 1,5 % en août, avec une inflation annuelle négative à -0,8 %. Fitch prévoit encore deux baisses de taux d’ici 2026.
En somme, la Thaïlande conserve des fondamentaux robustes, mais son avenir budgétaire dépendra fortement de la stabilité politique et de la capacité du prochain gouvernement à restaurer la confiance.