L’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a fêté son 75e anniversaire vendredi par une célébration privée mais somptueuse dans son manoir Chan Song Lar à Bangkok. Selon sa fille, Paetongtarn Shinawatra, Thaksin a offert l’aumône aux moines bouddhistes à l’aube et organisé un déjeuner pour un groupe sélectionné d’amis proches. « Seules les personnes les plus proches sont invitées à se joindre au déjeuner. » Sur les photos, on voit que ce sont les moines qui sont venus à lui.
Parmi les invités de marque attendus figurent le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai. Ce rassemblement intime reflète le désir de Thaksin de garder ses célébrations discrètes mais « significatives ». Cet anniversaire est le premier que Thaksin peut fêter en Thaïlande depuis son retour d’exil. Il sera définitivement un homme libre le 22 août puisqu’il est toujours en « conditionnelle ».
Thaksin Shinawatra a déclaré qu’il était trop vieux pour redevenir Premier ministre, mais qu’il pourrait conseiller sa fille, Paetongtarn, chef du Pheu Thai, à titre privé. Thaksin a déclaré qu’il ne s’attend pas à obtenir de poste politique. Il affirme avec humour ou provocation qu’il recevra le minimum vieillesse de 700 bahts par mois.
Le Premier ministre Srettha n’était pas présent car il était en voyage officiel dans la province de Nakhon Phanom.
Une soirée anniversaire a également eu lieu la veille au soir dans un hôtel de Soi Rangnam, dans le quartier Phaya Thai, à laquelle seuls des amis proches étaient conviés.
Bien que toute sortie et tous déjeuners et dîners de Thaksin soient des évènement politiques, le parti Pheu Thai et le parti Bhumjaithai, partenaire de la coalition, ont réfuté les allégations d’accords secrets après la partie de golf que Thaksin Shinawatra a joué avec le leader du Bhumjaithai, Anutin Charnvirakul à Nakhon Ratchasima, dans le domaine de ce dernier, Rancho Charnvee Resort à Khao Yai.
La Cour constitutionnelle se prononcera les 14 août quant à la destitution, même provisoire, du Premier ministre Srettha Thavisin. Beaucoup s’agitent pour se positionner face à cette éventualité. Sont candidats, non-déclarés, pour remplacer Srettha : Paetongtarn Shinawatra et Chaikasem Nitisiri du parti Pheu Thai, le général Prawit Wongsuwan du parti Palang Pracharath, Pirapan Salirathavibhaga du parti United Thai Nation et, surtout, d’Anutin Charnvirakul, lui-même.
L’accession immédiate de Paetongtarn au rôle de Premier ministre semble peu probable. Chaikasem, est confronté à des problèmes de santé. Cela ouvre potentiellement la porte à Anutin, surtout compte tenu de ses relations solides avec Thaksin et du fait qu’il « tient » le Sénat. Ce serait un déni de démocratie car, dans les sondages, seuls 3 ou 4 % des Thaïlandais souhaitent voir Anutin aux commandes mais s’il est le candidat du régime… D’ailleurs, une chanson qui demande le retour du putschiste Prayut vient de sortir en Thailande et elle connaît le succès car, selon certains, l’économie était malade sous Prayut, elle est morte sous Srettha.
De son côté Pornchai Theppanya, de l’université Ramkhamhaeng, fait remarquer que la campagne de distribution de 10 000 bahts du gouvernement ne garantit pas que les Thaïlandais voteront pour le Pheu Thai de Thaksin lors des prochaines élections. La preuve, Prayut avait tenté de mettre en place des politiques populistes et il a quand même été balayé lors des élections de 2023. Par ailleurs, l’universitaire souligne que les Thaïlandais ne sont pas idiots et savent bien que 450 à 500 milliards de bahts alloués à la manne proviennent de l’argent des contribuables, même via la TVA, c’est à dire de leurs propres poches.
Pour Pornchai, Thaksin a revendiqué le succès de la campagne de santé publique à 30 bahts (il y a 20 ans) alors qu’elle avait été initialement recommandée par un groupe de médecins ruraux. Dans son esprit, Thaksin s’agite et visite Anutin, par exemple, dans un effort désespéré pour donner l’impression qu’il joue encore un rôle central dans le pays alors qu’il n’intéresse plus les Thaïlandais. Il intéresse cependant les journalistes si l’on en croit la cohue devant chez lui en son jour anniversaire.
Pendant ce temps-là, L’éminent militant pro-démocratie Arnon Nampha a été condamné à 6 ans de prison de plus pour 2 publications sur les réseaux sociaux entre janvier et avril 2021, considérées comme des crimes de lèse-majesté. La peine a ensuite été réduite à 4 ans pour coopération. Avec cet ajout, Arnon est désormais condamné à un total de 14 ans et 20 jours pour ses opinions. Il reste encore 10 autres affaires de lèse-majesté en cours contre lui. A ce rythme, il devrait atteindre les 35 ans de prison.