La page Facebook du parti MOVE FORWARD ce matin (7 juin) a publié un message indiquant que la commission électorale avait demandé des éclaircissements sur une faucille et un marteau croisés apparaissant dans un dessin publié lors de la campagne pour les élections générales du 14 mai. L’information est largement relayée par les médias ce mercredi.
Dans son message, le parti a souligné que cela rappelle « l’affaire Illuminati » pour laquelle la Cour constitutionnelle avait innocenté le parti Future Forward Party il y a 5 ans. Le FF avait été accusé de sédition car son logo ressemblait au symbole des Illuminati. Le parti FF avait quand même été dissous mais sous un autre prétexte.
La Cour constitutionnelle a dissous le FF car son chef Thanathorn Juangroongruangkit avait octroyé un prêt à son parti naissant et donc en manque de liquidité. Future Forward a été rebaptisé Move Forward et a gagné les élections en 2023.
Thanathorn est actuellement banni de l’arène politique pendant 10 ans à compter de 2020. Ce que les progressistes ont considéré comme une injustice a incité les jeunes à manifester du printemps à l’hiver 2020.
Move Forward a déclaré aujourd’hui que Future Forward avait obtenu 6 330 617 voix, ce qui a permis à 81 de ses députés d’être élus aux élections générales de 2019, mais il a été dissous.
Lors des élections générales du 14 mai 2023, le parti Move Forward a obtenu 14 438 851 voix, plus que tout autre parti, ce qui a choqué le régime.
Bien sûr, la « justice » que certains affirment aux ordres du régime peut à nouveau dissoudre le MF pour n’importe quel prétexte comme elle l’a fait aussi pour les partis pro-Thaksin mais cela pourrait relancer les manifestations de la part des réformateurs.
Cependant, les royalistes radicaux ont déjà dit qu’ils n’accepteraient pas que le parti élu gouverne et, partant, manifesteraient.
La plainte de ce jour concerne un dessin publié Le 18 avril 2023. Cette série d’illustrations devait présenter des travailleurs. Parmi les symboles figurent une machine à coudre, des pneus, des outils, des clés, des tournevis et un marteau croisé avec une faucille. Cependant, le parti a déclaré que les images étaient destinées à montrer les outils que les travailleurs utilisent pour construire le monde.
La CE devra dire si ce dessin est une atteinte au régime démocratique de gouvernement avec le Roi comme chef de l’État et donc une violation de l’article 92(2) de la loi organique sur les partis politiques B.E. 2560.
On n’est pas très éloigné d’une position iconoclaste.
L’autre plainte, maintenant bien connue, vise directement Pita Limjaroenrat , le leader du Move Forward (MFP) et concerne ses actions dans iTV , un média défunt depuis 15 ans.
Bien qu’il ait transféré ces actions à ses proches, l’expert juridique Jade Donavanik fait valoir que l’éligibilité de Pita au poste de Premier ministre est toujours en jeu. La question est de savoir si iTV est considérée comme une entreprise de médias, car la constitution actuelle empêche les candidats aux élections de se présenter aux élections s’ils détiennent des actions dans une entreprise de médias.
Donavanik a déclaré que le transfert d’actions ne change rien, car Pita Limjaroenrat reste l’héritier légal et n’a effectué le changement qu’après les élections générales du 14 mai.
Cependant, le statut d’iTV n’est pas clair et est actuellement examiné par la Cour administrative suprême puisque, de fait, iTV n’est plus un média depuis 15 ans.
Pattana Ruanjaidee, professeur de droit à l’Université Ramkhamhaeng, pense que l’affaire n’affectera pas la carrière politique de Pita qui ne se considérait pas actionnaire mais plutôt gestionnaire de la succession de son défunt père, et ne considérait pas non plus iTV comme une entreprise de médias. Cependant, le régime n’a besoin que d’un prétexte, aussi grossier soit-il, pour le disqualifier.
Somchai Srisutthiyakorn, ancien membre de la commission électorale (CE) et stratège du parti Seri Ruam Thai, affirme que Pita s’est débarrassé des actions avant le processus de sélection du premier ministre ce qui l’innocente. Mais les adversaires considèrent qu’il aurait dû vendre les actions avant même la campagne électorale.
Le fait que Pita évoque la possibilité de poursuivre le général putschiste Chan-o-cha car il a fomenté le coup d’état de 2014 ne fait qu’attiser la haine entre les vainqueurs des élections et le régime. Pita note que, contrairement à ce qui se fait dans toutes les démocraties, Prayut ne l’a pas félicité pour sa victoire électorale. C’est le syndrome Trump.
Les rumeurs du jour font état de disqualification d’une dizaine de députés MF par la CE afin que ce parti ne soit plus le vainqueur des élections. La CE a démenti mais il est clair que le régime ne pourra jamais accepté Pita comme premier ministre.
