
Il y a cinquante ans, un collectionneur renommé avait acheté puis exporté illégalement une statue khmère vieille de 900 ans. Pendant trente ans, cette précieuse pièce en bronze, surnommée “Le Garçon en or”, a été exposée au prestigieux Metropolitan Museum de New York (Met). Récemment, la justice new-yorkaise a ordonné sa restitution à la Thaïlande, la liant à Douglas Latchford, un célèbre collectionneur et marchand d’art britannique. Latchford avait été inculpé en 2019 pour avoir dirigé un vaste réseau de trafic d’antiquités en provenance d’Asie du Sud-Est. Il est décédé en 2020.
La statue avait été découverte près de la frontière cambodgienne. En 1975, Latchford l’avait illégalement sortie de Thaïlande. En plus de cette œuvre, le Met a également restitué une seconde sculpture en bronze de 43 cm, représentant une femme agenouillée priant les mains jointes au-dessus de la tête. De plus en plus de musées dans le monde entreprennent de restituer des œuvres contestées par les pays d’origine.
Le directeur général du département des beaux-arts de Thaïlande, Phnombootra Chandrachoti, a déclaré : “Nous sommes honorés d’avoir récupéré ces artefacts, qui sont désormais pour toujours dans leur patrie.” Il a ajouté que les efforts pour restituer les objets pillés ne s’arrêteraient pas là et que l’intention était de tous les récupérer.
Ces deux statues restituées à la Thaïlande font partie d’un ensemble de 16 sculptures khmères, dont 14 ont été restituées au Cambodge par le Met. Le musée a retiré de sa collection “toutes les œuvres angkoriennes dont il sait qu’elles sont associées à Latchford”. Douglas Latchford, décédé à l’âge de 88 ans à Bangkok, était largement considéré comme un éminent spécialiste des antiquités cambodgiennes, et ses livres sur l’art de l’Empire khmer font référence. Au cours des dernières années, New York a procédé à d’autres restitutions d’œuvres vers l’Asie, notamment au Cambodge en 2022 et en 2014.
En 2019, Douglas Latchford avait été accusé par des procureurs de New York d’avoir fait passer en contrebande des œuvres cambodgiennes pillées et d’avoir contribué à leur vente sur le marché international de l’art. Pendant les années de conflits et d’instabilité, lorsque les Khmers rouges étaient au pouvoir entre 1975 et 1979, le Cambodge avait été victime du trafic d’antiquités.
En Thaïlande, le « garçon en or » – Golden Boy est parfois appelé « Shiva debout ». Les deux objets précieux sont arrivés à l’aéroport de Suvarnabhumi le 20 mai et sont exposés au Musée national de Phra Nakhon, Bangkok depuis ce jeudi.
Khaosod a interviewé Mme Nil Petsakul, 69 ans, qui a découvert le « Golden Boy » il y a environ 50 ans à Ban Pong Sadao, Ta Chong, district de Lahan Sai, province de Buriram. Elle s’exprime dans la langue khmère locale par l’intermédiaire d’un traducteur.
En 1974, elle et son mari cherchaient des patates douces sauvages dans la région lorsqu’ils découvrirent un objet inhabituel qui semblait être une statue de Bouddha. Ils ont appelé leurs proches, qui les ont aidés à fouiller.
Ils ont ramené chez eux la statue et l’ont nettoyée, découvrant qu’une lumière rayonnante émanait d’elle, ce qui les a incité à penser qu’elle avait de la valeur.
Ensuite, ils ont consulté un policier du commissariat de Lam Plai Mat pour vendre la statue. La police les a emmenés à Bangkok où ils ont vendu la statue à un étranger pour 1 200 000 thb après avoir initialement demandé 1 600 000. Ils ont refusé de donner des informations sur la manière dont l’argent a été réparti…
Par ailleurs, La Thaïlande a accepté de restituer 20 objets au Cambodge, qui faisaient partie des 43 antiquités introduites clandestinement dans le pays depuis Singapour en 2000.
Une porte-parole du gouvernement, Radklao Inthawong Suwankiri, a déclaré que le cabinet avait approuvé la proposition du Département des Beaux-Arts de restituer les objets, conformément à l’accord bilatéral entre la Thaïlande et le Cambodge.
Elle a déclaré que les 20 objets faisaient partie d’un lot de 43 antiquités introduites en contrebande lorsqu’elles ont été saisies par les autorités thaïlandaises. Le Département des Beaux-Arts a vérifié leur origine et a restitué 23 de ces pièces au Cambodge en 2008 et 2015.
L’origine des 20 autres objets n’avait pas pu être vérifiée par le Département des Beaux-Arts, car ils pouvaient venir de n’importe lequel des deux pays, a indiqué Radklao.
Le ministère avait informé le gouvernement cambodgien que s’il souhaitait que les articles soient restitués, il devait fournir des preuves prouvant qu’ils proviennent du Cambodge. Les preuves ont été envoyées et ont été approuvées par le Département des Beaux-Arts.