
Conseil national pour le développement économique et social (NESDC)
À l’heure où la Thaïlande ambitionne de devenir une économie à revenu élevé, les obstacles structurels et les risques globaux s’accumulent. Lors d’un séminaire consacré à la stratégie et les réformes, Vitphiphon Tivatansakul, du Conseil national pour le développement économique et social (NESDC), a dressé un état des lieux lucide des menaces qui freinent cette transition.
Selon le rapport 2024 du Forum économique mondial, cinq risques majeurs pourraient affecter la Thaïlande :
À court terme (dans les deux ans)
- Phénomènes météorologiques extrêmes — menace environnementale
- Désinformation générée par l’intelligence artificielle — risque technologique
- Polarisation sociale — risque sociétal grave
À long terme (dans les dix ans)
- Risques environnementaux : dérèglements climatiques, effondrement des écosystèmes, perte de biodiversité
- Risques technologiques et sociaux — de plus en plus imbriqués et complexes
À ces menaces globales s’ajoutent des contraintes internes préoccupantes : ralentissement économique, pollution croissante, pénurie de main-d’œuvre qualifiée, endettement des ménages (avec 174 milliards de bahts en prêts non performants et 570 milliards de prêts en retard), et inégalités persistantes dans l’accès aux ressources. La dépendance excessive aux exportations et au tourisme, les failles de gouvernance et les défis environnementaux aggravent encore la vulnérabilité du pays.
Pour Vitphiphon, seule une planification rigoureuse et des solutions proactives permettront à la Thaïlande de surmonter ces défis et de s’inscrire durablement dans une trajectoire de croissance inclusive.
Le ministre des Finances, Pichai Chunhavajira, souligne quant à lui l’urgence de transformer l’économie thaïlandaise en une économie technologique. Sans réforme, la croissance du PIB pourrait ne jamais s’approcher des 3 % quand les pays voisins dépassent les 5 %.
Dans cette optique, Supparat Sivapetchranat Singhara na Ayutthaya (Thailand Data Center Association) propose de positionner la Thaïlande comme « AI Factory » régionale, en capitalisant sur ses atouts géopolitiques. L’accès aux technologies de pointe, notamment les GPU Nvidia, et la mise en place de normes d’exportation fiables pourraient attirer plus de 5 milliards USD d’investissements dans les infrastructures numériques.
Le secteur touristique, jugé faible et vieillot par le World Economic Forum, nécessite également une réforme profonde. Patom Siriwattaprayoon (PCL Hospitality) appelle à moderniser les transports publics et à régulariser les hôtels non enregistrés. Poomchai Mattayompoppinyo (Sansiri Plc) propose de faire de Phuket une zone administrative spéciale et d’allonger les baux immobiliers pour attirer les investisseurs étrangers.
Enfin, la diversification industrielle est cruciale. Ongart Kittikhunchai (Thai Food Processors Association) et Sidthisak Limvatanayingyong (Thai Silver Exporters Association) plaident pour l’exploration de nouveaux marchés, l’innovation dans les produits, la conclusion d’un accord de libre-échange avec l’UE, et des incitations fiscales pour moderniser les chaînes de production.
Face à ces défis multiples, la Thaïlande est à un tournant. Réformer en profondeur, investir dans les compétences et miser sur l’innovation sont les clés pour bâtir une économie résiliente et compétitive. À ce stade, jamais aucun gouvernement n’a exploré les pistes de la formation professionnelle ou de la « recherche et développement ».
Le Conseil national pour le développement économique et social (NESDC) est la seule agence à sintéresser au futur du pays quand les politiques restent focalisés sur le court terme.