Ce vendredi, le parlement devait étudier un amendement à la constitution mettant fin à la possibilité pour les sénateurs de voter lors de la désignation du premier ministre et donc d’empêcher les députés de choisir un candidat ayant gagné les élections.
Bien évidemment, on se doutait que les sénateurs torpilleraient une proposition qui nuit au pouvoir de nuisance qui leur a été octroyé par la junte de 2014.
Finalement, deux heures avant l’ouverture de la session, le président du parlement Wan Noor a annulé la réunion, confirmant ainsi que la vie politique thaïlandaise est dans le coma.
Le projet de retour en Thaïlande de l’ancien Premier ministre fugitif Thaksin Shinawatra sera reporté jusqu’à la formation d’un gouvernement dirigé par le Pheu Thai, a déclaré jeudi une source du Pheu Thai.
L’ex-Premier ministre, largement considéré comme le chef de facto du Pheu Thai et qui fait passer ses propres intérêts avant ceux de ses électeurs, avait initialement prévu de revenir le 10 août par Don Mueang.
La source a déclaré que la décision avait été prise pour assurer son retour sans heurts et que Thaksin avait décidé de retarder son retour puisque l’élection du Premier ministre a été reportée.
C’est une grande victoire pour le lanceur d’alertes Chuwit Kamolvisit qui avait annoncé que Thaksin ne reviendrait pas le 10 août. Cela crédibilise toutes ses informations, en général exactes. Ce vendredi, il s’en prend violemment à la probité de certains Pheu Thai dont le possible premier ministre Srettha Thavisin dans une vague affaire d’évasion fiscale.
Chuwit annonce également qu’il est atteint d’un cancer en phase avancée et que son décès approche. Une aubaine pour tous les corrompus de Thaïlande, en particulier, les policiers, mafieux et politiciens.
À l’heure actuelle, trois partis sont susceptibles de rejoindre le bloc dirigé par le Pheu Thai : les partis Bhumjaithai, Chartthaipattana et démocrate. Les négociations sont toujours en cours avec le parti United Thai Nation (UTN) et le Palang Pracharath Party (PPRP) des putschistes de 2014. Plusieurs micro-partis devraient contribuer à booster le bloc.
Pichit Tamoon, un chef chemises rouges de Chiang Mai, a déclaré que l’annonce du retour de Thaksin n’était qu’un stratagème pour obtenir le soutien des sympathisants du Pheu Thai. « Je ne pense pas que Thaksin rentrera chez lui de si tôt, pour des raisons de sécurité. Il y a beaucoup de gens qui le détestent », a déclaré M. Pichit.
« Les supporters chemises rouges seront déçus s’il ne revient pas, mais nous nous y habituons, car nous attendons depuis environ 20 ans. C’est à lui de décider quand revenir », a déclaré M. Pichit.
La question de sa sécurité ne se pose pas seulement concernant ses propres troupes déçues (chemises rouges) et ses ennemis (Move Forward, partis pro armée, chemises jaunes, etc.) mais également en rapport avec le traitement qu’il va recevoir en arrivant. La détention d’un homme de cet âge est dangereuse pour la santé.
Le chef de la police nationale Pol Gen Damrongsak Kittiprapas a déclaré jeudi que l’ex-Premier ministre n’avait pas confirmé ses projets avec la police.
Le parti United Thai Nation (UTN, armée et Prayut) est prêt à rejoindre la coalition du Pheu Thai puisque le parti Move Forward (MFP) a été jeté par dessus bord, selon le chef de l’UTN, Pirapan Salirathavibhaga.
L’UTN a été critiquée par le camp pro-démocratie en tant que véhicule politique du Premier ministre Prayut Chan-o-cha, dont la démission en tant que membre du parti a été considérée comme utile pour faire entrer le parti dans un gouvernement dirigé par le Pheu Thai.
M. Pirapan a également réitéré que l’UTN est contre la formation d’un gouvernement minoritaire, affirmant qu’une administration instable pourrait faire plus de mal que de bien au pays.
À ce stade, l’UTN est indécise sur l’opportunité de voter pour un candidat du Pheu Thai au poste de Premier ministre. L’UTN devrait soutenir le candidat du Pheu Thai s’il juge le nouveau gouvernement et ses idéologies compatibles.
Le fait même que l’UTN envisage de rallier une coalition victime de et opposée aux coups d’état militaires prouve la déliquescence de la politique thaïlandaise.
Pendant ce temps, Jurin Laksanawisit, chef du Parti démocrate, a déclaré qu’il n’était au courant d’aucune discussion formelle prévue entre son parti et Pheu Thai pour la formation d’un nouveau gouvernement.
Le Parti démocrate n’a pas encore décidé s’il souhaite ou non faire partie de la coalition dirigée par le Pheu Thai, a-t-il déclaré. Un premier ministre démocrate a fait tirer sur la foule des chemises rouges (Pheu Thai) en 2010. 90 morts.
Kanrawee Suebsaeng, seul député du Fair Party et ancien membre de la coalition de huit partis aujourd’hui disparue, a déclaré vendredi que les gens pourraient vouloir attendre 10 mois jusqu’à ce que le mandat des sénateurs nommés par la junte expire et que le candidat du Parti Move Forward Pita Limjaroenrat puisse devenir Premier ministre .
L’incertitude politique a retardé la désignation du Premier ministre, laissant en suspens la tentative du Pheu Thai de former un nouveau gouvernement de coalition.
La tournure des événements a soulevé des doutes parmi les analystes politiques et les citoyens quant à la possibilité pour Pheu Thai de former un gouvernement.
Les spéculations vont bon train sur le fait que ces incertitudes pourraient conduire à la nomination d’un candidat premier ministre « alternatif » par un autre parti, au lieu de Srettha Thavisin, du Pheu Thai, comprendre Prawit ou Anutin.
Wanwichit Boonprong, professeur à l’Université de Rangsit, a déclaré au Bangkok Post que le report du vote aurait un impact négatif sur Pheu Thai et M. Srettha.
Une série d’accusations de la part des critiques (pas forcément exactes) de M. Srettha sortent, ce qui pourrait donner aux sénateurs une excuse pour rejeter sa nomination, a déclaré M. Wanwichit.
Cela pourrait amener le Pheu Thai à demander l’aide du United Thai Nation Party (UTN) et du Palang Pracharath Party (PPRP), a déclaré M. Wanwichit. De nombreux sénateurs sont proches du leader du PPRP Prawit Wongsuwon.
Demander de l’aide aux putschistes serait un suicide politique pour Pheu Thai. La nomination d’un Prawit ou d’un Anutin comme premier ministre serait un suicide pour la Thaïlande et la preuve que les élections n’auraient servi à rien.
La démocratie n’existe plus mais, ça, on le savait. Pire, la vie politique thaïlandaise ne vaut pas plus qu’un khao tom (bouillie). Selon Arun de Matichon
