Le vice-Premier ministre par intérim, Wissanu Krea-ngam, confirme qu’il n’y aurait pas de vacance du pouvoir si le parti Move Forward (MF) ne parvenait pas à former un gouvernement. En effet, le gouvernement actuel restera en place.
Wissanu a également déclaré que MF devrait répondre aux préoccupations soulevées par les sénateurs (concernant la loi sur lèse majesté) au lieu de faire pression sur eux pour qu’ils votent pour Pita au poste de Premier ministre. Il a reconnu que MF s’est engagé dans cette voix dans une certaine mesure et l’a encouragé à continuer de le faire.
A l’inverse, Les sénateurs nommés par l’armée subissent des pressions de la part de plusieurs associations de la société civile pour ne pas empêcher Pita Limjaroenrat, chef du parti MF, de devenir le prochain Premier ministre de Thaïlande en s’abstenant.
De son côté, l’ancien chef du parti démocrate Abhisit Vejjajiva devrait en reprendre la tête après la démission de Jurin Laksanawisit. Abhisit considérait que faire partie de la coalition Prayut trahissait les « idéaux » du Parti Démocrate. Il a eu raison puisque le PD n’existe quasiment plus. Cela dit, Abhisit est ce premier ministre démocrate qui a fait tirer sur la foule en 2010. Cependant, la disparition programmée du PD après trahisons, compromissions, corruptions (du gouverneur de Bangkok Sukhumbhand Paribatra) prouve aux autres partis que se trahir n’était « rentable » que sur le court terme.
Pheu Thai s’en persuade et a rejeté les spéculations des médias selon lesquelles il prévoyait d’entamer des pourparlers avec Bhumjaithai, le troisième plus grand parti, pour tenter de former ensemble un gouvernement de coalition rejetant Move Forward dans l’opposition.
Le chef adjoint du Pheu Thai, Sutin Klungsang, a insisté sur le fait que de telles spéculations n’avaient aucun fondement, ajoutant que le parti l’avait clairement indiqué dans plusieurs déclarations.
« Si nous avions un tel plan, la population ne l’accepterait pas », a-t-il déclaré. Le Pheu Thai veut travailler avec un parti que les gens aiment, a déclaré M. Sutin faisant référence à Move Forward.
Il répond ainsi au sénateur Wanchai Sornsiri qui rappelle que le parti qui a gagné les élections (PT) pourrait se retrouver sur les bancs de l’opposition s’il ne parvient pas à former un gouvernement. C’est qu’il s’était passé en 2019. Pheu Thai avait gagné les élections mais, après divers circonvolutions, c’est Prayut qui s’était retrouvé premier ministre.
Admettre un tel scénario (cette fois, le bénéficiaire serait le Pheu Thai et le parti spolié serait MF) est techniquement possible, mais dans une démocratie, les députés et les sénateurs doivent respecter la volonté du peuple, a déclaré M. Sutin. « Nous devrions apprendre des élections précédentes ».
Pheu Thai est à la croisée des chemins. Si former une coalition avec Move Forward renforcerait sa prétention à soutenir la démocratie et les valeurs progressistes, cela signifierait également risquer un autre coup d’État.
D’ailleurs, l’engagement de Move Forward envers la démocratie, les valeurs libérales et les droits de l’homme est sans doute le facteur clé de son succès sur Pheu Thai. Toute tentative du Pheu Thai de former une coalition avec Bhumjaithai et Palang Pracharat c’est signer la décrue de la popularité du parti.
Le candidat au poste de Premier ministre du parti Pheu Thai, Srettha Thavisin, l’a compris et il exhorte les partis Bhumjaithai et démocrate à voter pour le chef du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat, en tant que 30e Premier ministre thaïlandais au Parlement, conformément à la voix du peuple.
Dans un Tweet, le magnat de l’immobilier a noté que le parti Move Forward, (sous le nom Future Forward) a remporté 81 sièges en 2019, et 152 cette fois.
La croissance du parti est un signe clair que son idéologie correspond à l’aspiration du peuple, qui veut voir un changement dans la société thaïlandaise, a déclaré Srettha. Il rappelle aux partis Bhumjaithai et démocrate qu’ils avaient clairement dit ne pas être d’accord avec la disposition de la Constitution qui implique les sénateurs dans l’élection du Premier ministre du pays.
« Le moment est venu pour vous tous de tenir votre engagement en votant en faveur de Pita, conformément à un système véritablement démocratique », a déclaré Srettha.
En remportant ces élections générales, Move Forward a changé à jamais la politique thaïlandaise. La politique séculaire du clientélisme féodal pourrait enfin s’avérer obsolète. Que Move Forward puisse ou non former un gouvernement de coalition, la politique thaïlandaise ne sera plus jamais la même car les personnes âgées habituées à courber l’échine devant les puissants vont disparaître tandis que les enfants abreuvés de démocratie (même la K-pop la véhicule) auront le droit de vote.
Le désarroi des sénateurs, tous à la fois vieux et réactionnaires, est grand puisqu’ils semblent prêts à voter pour un premier ministre issu d’une coalition incluant la famille Shinawatra plutôt que d’apporter leur support au parti que le peuple préfère.
Plus ils se braqueront contre la volonté des citoyens plus ils accéléreront la fin du système en place. Empêcher Pita de devenir premier ministre serait peut-être le meilleur service à rendre à la démocratie car cela amplifiera encore la haine de la population pour l’establishment qui sera, à terme, totalement et définitivement balayé.
Le sénateur Peeraksak Porjit a déclaré qu’il appartient aux partis de rassembler suffisamment de soutien pour désigner un candidat au poste de Premier ministre pour un vote au parlement, ajoutant que les sénateurs ne devraient pas s’abstenir de voter.
Le sénateur Jetn Sirathranont a fait écho à ce sentiment. « Le résultat des élections montrent que les gens voudraient que [les sénateurs] votent pour des candidats du MFP ou du Pheu Thai. Le parti politique qui remporte le plus de sièges a le droit de former un gouvernement en premier. Mais S’il échoue, le parti qui remporte le deuxième plus grand nombre de sièges aura une chance », a-t-il déclaré. C’est la porte ouverte à Pheu Thai et la preuve qu’entre la peste MF et le choléra PT, ce sont les Shinawatra que les sénateurs préfèrent.
De son côté le sénateur Seree Suwanpanont revient encore sur la loi 112 (lèse majesté) demandant au MF de clarifier sa position et rappelant que les autres partis de la coalition ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde.
Les cinq hauts gradés militaires et le chef de la police nationale qui siègent, de droit, au Sénat ont déclaré qu’ils ne voteraient pas pour le prochain Premier ministre, a indiqué mardi une source militaire.
Les cinq principaux officiers militaires membre du Sénat sont le général Sanitchanok Sangkhachan, secrétaire permanent du ministère de la Défense ; Commandant suprême en chef, le général Chalermpol Srisawat ; le chef de l’armée, le général Narongpan Jitkaewthae ; le chef de la marine, l’amiral Choengchai Chomchoengpaet ; et le chef de l’armée de l’air, Marshall Alongkorn Vannarot.
La source a déclaré que les cinq officiers supérieurs de l’armée et le chef de la police nationale, le général Pol Damrongsak Kittiprapas, ont décidé de ne pas se joindre aux 244 autres sénateurs pour voter pour le prochain Premier ministre.
S’abstenir, c’est voter pour que Prayut reste premier par intérim jusqu’en 2024, fin de mandat du Sénat actuel.
De son côté Thaksin félicitent le MF, affirmant que cela lui rappelle sa première victoire électorale avec Thai Rak Thai (le prédécesseur de Pheu Thai) Il rejette également les critiques selon lesquelles son tweet concernant son retour en Thaïlande a affecté les résultats de PT. Il peut raconter ce qu’il veut, ses interventions sont celles d’un homme du passé que les jeunes électeurs ne connaissent qu’à peine.
Enfin, Thai Inquirer, résume l’avis général avec ce dessin qui propulserait Anutin au poste de premier ministre. Une éventualité que Thaivisa en français a toujours évoquée. Bien sûr cela entraînera des troubles mais un coup d’état prévisible après l’élection de Pita troublera aussi le pays.
