Tout sourire et affectueux, l’ancien chef de la junte – Premier ministre, le général Chan-o-cha, a fait ses adieux aux journalistes au siège du gouvernement mardi après-midi après neuf ans au pouvoir lors de la dernière réunion du Cabinet. Prayut continuera de résider dans une modeste villa située sur un terrain militaire à Bangkok pour des raisons de sécurité.
Prayut laisse un pays plus divisé que jamais. Il a affaibli le sentiment qu’éprouve la population pour le régime (alors que la glorification du régime était son principal objectif en prenant le pouvoir). Il a laissé l’économie thaïlandaise se traîner loin derrière ses concurrents (Vietnam, Indonésie et Malaisie). Il a perverti les institutions au point que toute véritable démocratie est impossible à ce jour.
De l’autre côté, L’état de grâce est terminé pour Srettha. On lui reproche d’avoir dîner avec les oligarques qui influaient tant Chan-o-cha et de composer un gouvernement qui ressemble à celui de Prayut.
Le Premier ministre Srettha Thavisin a déclaré que les critiques portées contre lui concernant la rencontre avec les dirigeants de grandes entreprises étaient injustes. Il a affirmé que ces dirigeants avaient des intentions positives envers le pays. Aucun d’eux ne lui a rien demandé ; leur objectif était plutôt de lui souhaiter du succès, a-t-il déclaré. Ils ont reconnu les difficultés d’un gouvernement de coalition. Srettha se défend car des observateurs craignent que les dirigeants de ces grandes entreprises concluent des accords avec lui afin d’obtenir des avantages pour leurs entreprises, comme c’était le cas avec Prayut.
Les critiques ont également rappelé que le Pheu Thai avait promis d’éliminer les réglementations qui favorisaient les monopoles, les conglomérats et les oligarques afin de laisser leurs chances aux moyennes entreprises.
Les dirigeants que Srettha a rencontrés sont : – Suphachai Chearavanont, PDG du Groupe CP – Thapana Sirivadhanabhakdi, PDG de Thai Beverage – Aiyawatt Srivaddhanaprabha, PDG de King Power – Jareeporn Jarukornsakul, PDG du groupe WHA – Plew Trivisvavet, PDG de Ch Karnchang – Sanan Angubolkul, PDG de Srithai Superware – Arthid Nanthawithaya, PDG de SCBx – Vichit Suraphongchai, Président de SCBx
A eux huit, ils contrôlent une grande partie de toute l’économie thaïlandaise. Ils sont milliardaires mais veulent continuer à s’enrichir.
Le Premier ministre Srettha Thavisin a rejeté les affirmations selon lesquelles son nouveau cabinet ressemblerait à celui de Prayut Chan-o-cha. Il a appelé au respect envers les nouveaux ministres, exhortant les critiques à attendre leur performance avant de porter un jugement. Factuellement, la moitié des ministres sont Pheu Thai donc nouveaux. L’autre moitié est en quelque sort imposée par les sénateurs, donc par le régime dont Chan-o-cha est le représentant. Quant à l’efficacité des ministres Pheu Thai, on ne peut présager de rien.
Concernant Chusak Sirinil, possible vice-premier ministre chargé des affaires juridiques, Srettha a évoqué sa réaffectation à différentes responsabilités. Cet homme est allé en prison pour tentative de corruption d’un juge au bénéfice de son employeur, Thaksin lui-même.
Le Premier ministre Srettha Thavisin a exhorté les députés Pheu Thai mécontents de l’attribution des maroquins, à faire preuve de patience. Il affirme qu’il pourrait y avoir des surprises et a déconseillé de s’énerver avant la publication de la liste officielle du cabinet.
Ces remarques font suite à la fuite de messages publiés sur LINE de députés de Pheu Thai. Certains députés du Nord-Est estiment que le Parti aurait dû conserver des ministéres importants car les abandonner pourrait entraver la mise en œuvre les politiques prévues. En outre, les députés se demandent si le gouvernement va se concentrer uniquement sur la distribution de 10 000 bahts (un gadget ponctuel), et négliger d’autres politiques vitales à long terme telles que celles bénéficiant aux agriculteurs. Ces députés considèrent clairement que laisser les ministères de l’agriculture et de l’intérieur à Bumjaithai est une erreur.
Le leader du Pheu Thai, Chonlanan Srikaew, pourrait démissionner après l’annonce officielle du nouveau cabinet dans les prochains jours. Lors d’un débat préélectoral, Chonlanan avait promis de démissionner si le parti Pheu Thai formait un gouvernement avec le parti Palang Pracharath. Malgré tout, Chonlanan deviendrait le nouveau ministre de la Santé.
Plus tôt ce mois-ci, Chonlanan a déclaré que le parti n’avait d’autre choix que d’établir un gouvernement avec Bhumjaithai, PPRP et Ruam Thai Sang Chart pour éviter la formation d’un gouvernement soutenu par l’armée après la possible dissolution de Move Forward qui a gagné les élections.
De son côté, Le porte-parole du Move Forward, Rangsiman Rome, demande comment les Thaïlandais pourraient avoir confiance dans le gouvernement étant donné que le parti Pheu Thai a menti sur le fait de ne pas avoir de partis pro-junte dans la coalition. Il se demande si le gouvernement honorera ses promesses, comme celle de mettre fin à la conscription militaire.
Paetongtarn Shinawatra a déclaré que Thaksin est toujours fatigué et que son état de santé actuel est le résultat de ses précédentes et graves infections à COVID-19. Elle a également noté que l’état de santé de son père était encore aggravé par le stress. L’équipe d’avocats de Thaksin prépare une demande de grâce royale. Concernant la possibilité de transférer Thaksin dans un hôpital privé, Paetongtarn a indiqué que ce n’était pas envisagé. L’équipe médicale de l’Hôpital Général de Police possède l’expertise nécessaire pour le prendre en charge efficacement. Le fait que les détenus âgés (74 ans ici) soient mieux traités que les jeunes est prévu par la loi.
Sutin Klungsang, chef adjoint du parti Pheu Thai et pressenti pour devenir le nouveau ministre de la Défense, a déclaré mardi qu’il pensait que la Thaïlande avait depuis longtemps dépassé l’époque des coups d’État militaires. On ne sait pas ce qu’il entend par « depuis longtemps ». Le dernier coup d’état militaire date de moins de 10 ans.
Il s’est dit convaincu qu’avec l’aide de conseillers qui sont d’anciens officiers militaires, il sera en mesure de gérer efficacement les affaires de l’un des ministères les plus importants du pays. Cette phrase montre qu’il n’aura pas les coudées franches.
Il n’a toutefois pas confirmé qu’il serait ce ministre. « Attendez l’annonce officielle », a-t-il déclaré aux journalistes au siège du gouvernement.
Sutin fait néanmoins partie des candidats à un portefeuille ministériel qui ont soumis leur curriculum vitae au Secrétariat du Cabinet pour vérification formelle.
Interrogé sur la promesse du Pheu Thai de réformer l’armée, Sutin a déclaré que son parti essaierait de mettre en œuvre chacune de ses promesses électorales. « Chaque politique doit être mise en œuvre, mais le délai dépend de la réalité de la situation et de divers autres facteurs », a-t-il déclaré très prudemment comme pour préparer la population à son impuissance.
Sutin, ancien enseignant et homme politique chevronné, a été choisi par le Premier ministre Srettha Thavisin pour le poste de la défense après qu’une nomination antérieure, le général Nattaphon Narkphanit, du Conseil national de sécurité, a été rejetée, suite à l’opposition des chemises rouges car Nattaphon aurait été impliqué dans le massacre des manifestants pro-Thaksin en 2010.
Invité à commenter les relations tendues entre son parti politique et l’armée, Sutin a déclaré qu’amener le pays vers l’unité et la solidarité devrait être la priorité de tous.
Sutin a déclaré qu’il pensait que personne dans l’armée ne souhaite fomenter un autre coup d’État militaire. « Je pense qu’à partir de maintenant, il ne devrait plus y avoir de coups d’État militaires. », a-t-il déclaré. On ne sait pas s’il croit vraiment ce qu’il dit ou s’il veut se concilier les bonnes grâces de l’armée.
Il est possible que l’armée ne dépose plus un gouvernement Pheu Thai. Mais dans le cas où un gouvernement progressiste (Move Forward ou assimilé) parvenait à déjouer tous les pièges tendus et soit mis en place, on ne pourrait pas écarter la possibilité qu’ils soit balayé par les militaires.
Sutin n’est pas le premier civil à assumer le portefeuille de la Défense. Plus récemment, les anciens premiers ministres Yingluck, Samak Sundaravej et Chuan Leekpai ont également occupé le poste de ministres de la Défense.
Des centaines de milliards d’euros sur cette photo
