
Le projet de train à grande vitesse entre la Thaïlande et la Chine, censé transformer les liaisons régionales, accumule les retards. Lancé en 2015 à Ayutthaya, ce chantier ambitieux peine à avancer, malgré l’arrivée du nouveau ministre des Transports, Phiphat Ratchakitprakarn, chargé de débloquer la situation.
La première phase, reliant Bangkok à Nakhon Ratchasima sur 253 km, mobilise un budget de 179,41 milliards de bahts. Sur les 14 contrats prévus, seuls deux sont achevés, dix sont en cours, et deux restent bloqués. L’un, concernant le tronçon Bang Sue–Don Mueang, est suspendu en raison d’un chevauchement avec le projet privé reliant les trois aéroports de Bangkok. L’autre, Ban Pho–Phra Kaew, soulève des inquiétudes patrimoniales : la station d’Ayutthaya pourrait compromettre des sites classés par l’UNESCO. L’entreprise initialement retenue a renoncé, obligeant les autorités à relancer l’appel d’offres.
Malgré ces embûches, la deuxième phase, qui doit relier Nakhon Ratchasima à Nong Khai sur 357 km, avance sur… le plan administratif uniquement. Validée par le gouvernement en février 2025, elle bénéficie d’un budget de 341,35 milliards de bahts. Les appels d’offres devraient être lancés d’ici la fin de l’année, avec une mise en service espérée pour 2031.
Ce projet, soutenu par Pékin, s’inscrit dans une stratégie de connectivité régionale visant à relier Bangkok à Vientiane, puis à la Chine via le réseau ferroviaire à grande vitesse. Mais les obstacles techniques, les enjeux de préservation culturelle et les négociations avec des partenaires privés freinent sa progression. En temps normal, la Chine construit des ouvrages d’art et des lignes de transports en commun très rapidement.
Les observateurs estiment que la réussite de la phase 2 dépendra de la capacité du gouvernement à concilier développement et protection du patrimoine. Pour l’heure, le ministre Phiphat est attendu au tournant : il devra arbitrer entre impératifs économiques et sensibilités locales pour faire avancer ce chantier emblématique.