
Les opérateurs touristiques thaïlandais expriment leurs doutes sur les candidats au poste de Premier ministre proposés par certains partis, estimant que le pays a besoin de dirigeants compétents capables de répondre aux défis sectoriels, plutôt que de figures issues de dynasties politiques.
Thienprasit Chaiyapatranun, président de l’Association des hôtels de Thaïlande (THA), juge les listes de candidats peu surprenantes, proches de celles de l’élection précédente. Selon lui, malgré quelques nouveaux visages, l’influence des grandes familles politiques reste dominante, ce qui limite la crédibilité de ces candidatures. Les membres de ces clans qui se retrouvent souvent ministres ne brillent pas par leur compréhension des enjeux.
A contrario, Thienprasit cite Srettha Thavisin, homme d’affaires du parti Pheu Thai, comme l’un des rares à avoir démontré des compétences réelles, notamment en lançant des programmes de visas gratuits pour plus de 50 pays.
Thienprasit appelle les partis à nommer des ministres de haut niveau ou, à défaut, à engager des experts comme conseillers. Il rappelle que le gouvernement dirigé par Bhumjaithai a nommé trois ministres extérieurs au parti – aux Affaires étrangères, au Commerce et aux Finances – dont les performances ont été jugées supérieures à celles de nombreux politiciens.
La-iad Bungsrithong, conseillère de la THA, souligne que l’instabilité politique des deux dernières années a contraint les opérateurs touristiques à s’adapter sans compter sur les politiques publiques. Quatre ministres du Tourisme et des Sports se sont succédé sans parvenir à exploiter pleinement le potentiel du secteur, ce qui a fait manquer des opportunités, comme les SEA Games qui viennent de se terminer sans avoir rien rapporté au secteur du tourisme, faute d’une préparation opportune.
Au-delà des questions politiques, le secteur touristique s’inquiète de la vigueur du baht. Adit Chairattananont, secrétaire général de l’Association des agents de voyages (ATTA), estime qu’un baht trop fort – à 30 pour un dollar – menace la compétitivité des prix de la Thaïlande face à des rivaux régionaux, comme le Vietnam ou le Japon. Il considère qu’un taux de 40 bahts pour un dollar serait idéal, rappelant la stabilité observée après la crise asiatique de 1997.
La force du baht, combinée à une économie fragile, à une dette élevée des ménages et à une croissance faible des exportations, pèse sur le tourisme. Les touristes chinois, par exemple, obtiennent aujourd’hui 4,4 bahts pour un yuan contre 5,4 l’an dernier, soit une baisse de 20 % qui les pousse vers des destinations moins chères et qui proposent des attractions mieux adaptées.
Malgré ces inquiétudes, l’ATTA prévoit 39 millions d’arrivées étrangères en 2026, dont près de 9 millions de Chinois. La visite officielle du roi et de la reine en Chine en novembre a amélioré l’image du pays sur les réseaux sociaux chinois. La TAT (Tourism Authority of Thailand) renforce aussi ses campagnes, notamment dans les villes chinoises de second rang, et travaille avec les compagnies aériennes pour augmenter la capacité des vols.
Pour les acteurs du secteur, l’avenir du tourisme thaïlandais dépendra autant de la stabilité politique que de la gestion du baht. Sans dirigeants compétents et une politique monétaire adaptée, le pays risque de perdre son avantage face à des concurrents plus attractifs.



