
wat Khanon
Le ministère de la Culture thaïlandais a annoncé son intention de proposer le théâtre d’ombres traditionnel Nang Yai à l’Unesco, dans le cadre du » Registre des bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ». La candidature devrait être déposée d’ici mars 2026.
Nang Yai, dont les origines remontent au XVe siècle, est un art scénique emblématique qui raconte des épisodes du Ramakien, version thaïlandaise du Ramayana. Les représentations utilisent de grandes marionnettes en cuir de veau ou de buffle, animées derrière un feu de scène pour projeter des ombres sur un écran. Ce théâtre était autrefois joué dans les palais, les temples et les villages.
Aujourd’hui, seules trois représentations subsistent dans le royaume, toutes dans des temples : Wat Khanon (Ratchaburi), Wat Sawang Ar-rom (Sing Buri) et Wat Baan Don (Rayong). Au Wat Khanon, un lieu paisible et facile d’accès, un petit musée explique au visiteur tout ce qu’il doit savoir.
Le projet de revitalisation communautaire porté par le ministère vise à préserver et promouvoir cette tradition à l’échelle locale, nationale et internationale.
Bien sûr, derrière cette démarche, on ne peut s’empêcher de voir une rivalité un peu malsaine avec le voisin honni. En effet, les grands cuirs cambodgiens ou Sbek Thom, un art du théâtre d’ombres khmer mieux « conservé » qu’en Thaïlande, sont inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2008.
Paetongtarn Shinawatra, Première ministre suspendue et actuelle responsable du ministère de la Culture, a souligné que sur les 788 projets soumis à l’UNESCO, seuls 40 ont été retenus dans ce registre. Elle encourage donc les États membres à proposer davantage d’initiatives de sauvegarde.
En parallèle, la Thaïlande envisage de proposer le khao mao — riz aplati — comme patrimoine immatériel commun avec d’autres pays de l’Asean, notamment les Philippines. Connu sous le nom de duman en tagalog, ce mets est préparé à partir de grains de riz crus, grillés ou précuits, puis écrasés en flocons. Il incarne une tradition culinaire régionale partagée en Asie du Sud-Est.
Ces démarches illustrent la volonté du gouvernement thaïlandais de valoriser ses savoir-faire ancestraux et de renforcer leur reconnaissance internationale, tout en stimulant l’intérêt des jeunes générations pour les arts traditionnels.