Le PIB a baissé de 0,6 % au 3e trimestre.
La Thaïlande pourrait entrer en récession technique d’ici la fin de l’année. Anusorn Thammajai, doyen de la Faculté d’économie de l’Université de la Chambre de commerce thaïlandaise, alerte sur une croissance inférieure à 1 % au quatrième trimestre. Après une hausse annuelle de 1,2 % au troisième trimestre, le PIB a reculé de 0,6 % par rapport au trimestre précédent. Si la tendance se confirme, le pays basculerait dans une récession technique.
Pour autant, un ralentissement ponctuel ne suffit pas à qualifier une véritable crise. Une récession avérée suppose une contraction durable de l’activité, des revenus, de la consommation et de l’emploi. Mais les signaux sont préoccupants : dépenses publiques en baisse, inflation négative depuis plusieurs mois et consommation privée fragile.
Le programme « Khon La Khrueng Plus », doté de 67 milliards de bahts, devrait stimuler la consommation de fin d’année, mais son effet restera limité. Les investissements et exportations, de plus en plus dépendants des importations, pèsent sur la production locale. Au troisième trimestre, les dépenses publiques ont chuté : -5,3 % pour l’investissement et -3,9 % pour la consommation. Une légère reprise est attendue, mais les incertitudes politiques freinent les décisions.
La menace de déflation est réelle si la consommation et l’investissement privé ne dépassent pas 3 %. L’inflation moyenne devrait rester négative autour de -0,2 % à -0,3 % cette année, proche de zéro en 2026. Dans ce contexte, Anusorn plaide pour une baisse du taux directeur à 1 % et une accélération des dépenses publiques.
Le gouverneur de la Banque de Thaïlande, Vitai Ratanakorn, estime qu’un affaiblissement du baht serait bénéfique. La monnaie, en hausse de 6 % face au dollar cette année, freine exportations et tourisme. « Le baht doit refléter la réalité de notre économie », a-t-il déclaré, laissant entendre qu’une nouvelle baisse des taux reste possible.
Les secteurs industriels affichent des perspectives contrastées. L’automobile amorce une reprise, portée par les véhicules électriques et hybrides qui pourraient dépasser 50 % du marché. L’électronique souffre des tarifs (taxes) américains, tandis que le commerce de détail ralentit. La construction reste stable, avec 860 milliards de bahts de projets publics en attente. L’immobilier, lui, pourrait subir un éclatement de bulle en raison d’une offre excédentaire et d’un durcissement des contrôles sur les flux financiers.
Avec une dette des ménages élevée et une croissance prévue à seulement 1,6 % en 2026, la Thaïlande fait face à des vents contraires persistants. Le gouvernement promet de traquer les flux financiers suspects et de renforcer l’efficacité budgétaire. Mais sans relance vigoureuse, le pays risque de s’installer durablement dans la stagnation.
