
Notations actuelles de la Thaïlande
Les économistes tirent la sonnette d’alarme : la compétition féroce entre les grands partis politiques thaïlandais pour former un nouveau gouvernement menace directement la croissance économique. Selon plusieurs analystes, la Banque centrale pourrait abaisser son taux directeur de 0,5 % lors de sa réunion du 8 octobre, bien plus que prévu initialement.
Amonthep Chawla, vice-président de la CIMB Thai Bank, souligne que les agences de notation envisagent de revoir à la baisse la perspective économique du pays, non seulement à cause de l’impasse politique, mais aussi en raison de ses effets sur la croissance et les retards dans le décaissement du budget. Malgré l’approbation du budget 2026 par le Sénat, l’incertitude persiste quant à sa mise en œuvre effective.
Lors de sa dernière réunion, le Comité permanent du commerce, de l’industrie et de la banque avait pourtant relevé les prévisions de croissance du PIB pour 2025 à 1,8–2,2 %, et revu à la hausse les exportations à 2–3 %, grâce à un accord commercial avec les États-Unis ayant réduit les droits de douane sur les produits thaïlandais de 36 % à 19 %. Mais cette embellie pourrait être de courte durée : la seconde moitié de l’année s’annonce morose, avec une concurrence accrue sur les prix, un baht fort et une instabilité politique persistante.
Kriengkrai Thiennukul, président de la Fédération des industries thaïlandaises, appelle à la formation d’un gouvernement respectant strictement la Constitution, composé de personnalités compétentes et intègres. Il plaide pour une « dream team » économique issue d’un même parti, capable de sortir le pays de l’ornière et de briser le piège de la pauvreté. Il avertit toutefois qu’un gouvernement intérimaire de quatre mois ne pourrait mettre en œuvre que des mesures temporaires, comme des aides directes ou des incitations touristiques.
Autre signal inquiétant : le surendettement des ménages. Selon le Bureau national du crédit, plus de 2,3 millions de véhicules ont été saisis, représentant une dette de 323 milliards de bahts. Les motos sont les plus touchées, avec plus d’un million de saisies entre décembre et mai. En tout, la dette des ménages atteint 13,5 trillions de bahts, en hausse constante, avec des difficultés de remboursement concentrées sur les prêts immobiliers, personnels et automobiles.
La Thaïlande, déjà dans une situation précaire, entre dans une zone de grosses turbulences où l’économie et la politique s’entrelacent dangereusement.