Des images de vidéosurveillance avec des enregistrements vocaux de 13 des 15 caméras montrant l’exécution du Policier Sivakorn Saibua, ont été récupérées, a déclaré le chef adjoint de la police nationale, le général Surachate Hakparn.
Les images des deux caméras restantes, les plus proches des lieux du crime, seront récupérées rapidement. Il a personnellement étudié les images récupérées. Elles montrent clairement que le maire mafieux Praween Chankhlai a ordonné l’assassinat, de sorte que la police a largement assez de preuves pour l’accuser de meurtre, a déclaré le général Surachate. Les images confirment que le tueur était le bras droit de Praween, Thananchai Manmak.
Le général Surachate a déclaré qu’une accusation de faux témoignages sera portée contre la plupart des 17 officiers présents à la fête d’anniversaire de Praween au moment de la fusillade puisque les images montrent que la plupart d’entre eux ont menti dans leurs déclarations initiales. De plus, la majorité d’entre eux étaient armés alors qu’ils prétendaient ne pas l’être.
Il classe les policiers – délinquants en deux groupes. Ceux qui ont immédiatement quitté la fête et n’ont pas fait leur travail de policier après le crime. Et ceux (6 policiers) qui ont aidé Praween et le tireur à s’échapper de la scène du crime.
D’autres enquêtes en cours incluent le réseau de corruption dite des « autocollants » contre lequel le policier abattu, Sivakorn, luttait. C’est le même système partout. Les entreprises rackettées achètent à la police des autocollants anodins mais significatifs. Elles les apposent sur les camions qui ne sont plus arrêtés par la police, même surchargés.
L’autre réseau de corruption concerne les appels d’offres pour des marchés publics impliquant les entreprises de construction de Praween. Des mandats d’arrêt seront émis et davantage d’actifs seront saisis, selon le général Surachate. La prochaine mise à jour majeure sur l’enquête est prévue mardi.
Deux des 20 grands marchés publics attribués à deux entreprises de construction appartenant à Praween « Kamnan Nok » Chankhlai auraient pu être attribués illégalement. Le DSI enquête actuellement sur 1 544 marchés publics d’une valeur de 7,6 milliards de bahts accordés aux entreprises de Praween, P. Raweekanok Construction (621 projets) et P. Phatanarungrod Construction (923 projets).
Les deux gros projets dans le collimateur concernent la construction de l’autoroute 375 dans le district de Don Tum, Nakhon Pathom, pour 300 millions de bahts, et une route entre les autoroutes 375 et 346 pour 350 millions de bahts.
De son côté; Le colonel Krissadaporn Jong-aksorn, le surintendant de la police de Phaya Thai, a présenté des excuses après avoir prétendument menacé de tirer sur un journaliste lors d’un entretien téléphonique enregistré avec Amarin News.
Il se dit victime du stress et aurait oublié de prendre ses médicaments. Le colonel Krissadaporn fait partie des 25 policiers qui ont assisté à la fête d’anniversaire pendant laquelle un policier a été abattu.
Lors d’un entretien avec un journaliste qui cherchait à l’interroger à propos de témoignages divergents Le colonel Krissadaporn a menacé le journaliste : « l’arme pourrait se retourner sur vous » (traduction approximative).
Cependant, l’affaire de Nakhon Pathom a révélé la gigantesque corruption au sein des forces de police thaïlandaises et des services publics en général. Et les universitaires et autres experts commencent à en tirer les leçons.
Alors que deux policiers gisaient en sang chez Praween au milieu d’une phalange de policiers, le tireur a été laissé libre de quitter les lieux. Plus choquant encore, les enregistrements de vidéosurveillance montrent Praween et son assistant quittant la maison avec une escorte policière – et non en direction du commissariat de police voisin.
L’Organisation anti-corruption de Thaïlande (ACT), une ONG experte en la matière, n’a pas tardé à condamner cette affaire, la considérant comme une preuve évidente de l’échec d’un système bureaucratique en proie à la corruption.
« Sans bonne gouvernance, les fonctionnaires deviennent les instruments de personnalités influentes », a déclaré l’ACT dans un communiqué.
L’enquête en cours montre que l’assistant de Praween avait transféré de l’argent à au moins cinq policiers, qui se rendaient régulièrement au domicile du Kamnan.
Les policiers ont été accusés de négligence dans leurs fonctions, d’aide aux criminels et de destruction de preuves. Ils sont actuellement derrière les barreaux dans l’attente d’une enquête plus approfondie, mais seulement deux d’entre eux ont été démis de leurs fonctions.
Après le crime, Praween s’est rendu et n’a pas déposé de demande de libération sous caution. Peu de temps après sa reddition, le sicaire accusé de meurtre, Thananchai Manmak, a été abattu par la police qui avait reçu le permis de tuer de sa hiérarchie. Praween donne l’impression de se sentir plus en sécurité en prison.
Jusqu’à présent, plus de 20 policiers ont été « mutés » dans l’attente d’une enquête. Parmi eux se trouvait le colonel Wachira Yaothaisong, qui a été retrouvé mort à son domicile suite à un « suicide apparent » le 11 septembre.
Le Grand Flic Surachate Hakparn s’est engagé à creuser en profondeur et à traduire tous les coupables en justice. Siwakorn a été tué pour avoir apparemment refusé un pot-de-vin pour le transfert du neveu de Praween.
L’affaire a amené les Thaïlandais à se demander quel genre de pouvoir Praween exerçait pour être en mesure d’ordonner le meurtre d’un officier de police au cours d’une fête remplie de policiers.
« D’habitude, les policiers qui refusent de coopérer (avec la mafia) perdent des opportunités d’avancement de carrière et sont victimes de harcèlement… Mais cette fois, un bon flic a été tué », a déclaré le secrétaire général d’ACT, le Dr Mana Nimitmongkol. Il suppose donc que la corruption a empiré ces dernières années.
Mana a déclaré à Thairath que certains policiers corrompus gagnaient de l’argent grâce à des entreprises grises (mafieuses) et des pots-de-vin, tandis que d’autres vendent des postes lucratifs au sein de la police.
« Si vous n’arrêtez pas la vente des galons au sein de la police, ces problèmes continueront », a déclaré Mana.
Les postes très recherchés coûtent entre 2 et 10 millions de bahts, a-t-il commenté. Les postes de haut rang coûtent jusqu’à 40 millions de bahts, car ils rapportent à leur titulaire de véritables fortunes grâce à des entreprises grises et des pots-de-vin, a ajouté Mana.
C’est pourquoi l’ACT appelle le Premier ministre Srettha Thavisin à honorer sa promesse électorale de promouvoir la transparence ainsi que de lutter contre la corruption. Il a exhorté le gouvernement à éradiquer les réseaux constitués d’hommes politiques, de personnalités (très très) influentes et d’entreprises grises, ajoutant que les fonctionnaires corrompus gagnent toujours aux dépens des fonctionnaires honnêtes et de l’intérêt public.
Mana a déclaré au site d’information Thansettakij que le scandale de Kamnan Nok et la mort de Siwakorn pourraient se révéler bénéfiques pour le pays s’ils inspirent une véritable répression contre les entreprises grises et des « influences obscures » au niveau provincial.
« Si la police, le DSI, la Commission nationale anti-corruption, le Bureau de lutte contre le blanchiment d’argent et le Département du contrôleur général travaillent ensemble pour éradiquer [la corruption] à Nakhon Pathom, l’opération pourrait devenir un modèle pour d’autres provinces », a-t-il déclaré.
Bhumivisan Kasemsook, de la Commission anti-corruption du secteur public (PACC), a déclaré que les fonctionnaires corrompus impliqués dans cette affaire devraient avouer maintenant car personne ne les protégera plus. « Avouez, c’est le mieux pour vous », a-t-il déclaré. « Nous sommes en train de rassembler les pièces du puzzle et nous poursuivrons quiconque est impliqué. »
Surachate a également promis de ne rien négliger et de n’épargner personne, car toutes les autorités collaborent. S’il existe des preuves d’évasion fiscale, les actifs seront saisis conformément à la loi, a-t-il ajouté.
Le vice-ministre de l’Intérieur, Chada Thaised, lui même une (ancienne) figure influente est chargé de dresser une liste des mafieux à l’échelle nationale.
« J’y travaille. J’ai déjà demandé aux autorités provinciales de me fournir une liste de personnalités influentes dans leur domaine. Nous vérifierons ensuite s’ils ont fait quelque chose de mal », a-t-il déclaré.
Interrogé sur son passé, Chada a déclaré «Je veux être honnête, j’étais influent. Si vous utilisez votre influence pour aider les gens, c’est acceptable. »
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