La Cour constitutionnelle peut suspendre pendant des mois le chef de Move Forward (MFP), Pita Limjaroenrat, si elle accepte de prendre en considération l’affaire impliquant sa participation dans les médias, a déclaré le vice-Premier ministre Wissanu Krea-ngam.
La commission électorale (CE) a commencé son enquête pour savoir si M. Pita, candidat au poste de Premier ministre, était éligible car il pourrait détenir 42 000 actions dans une entre entreprise de média qui n’émet plus depuis 15 ans.
La constitution interdit aux candidats aux élections de détenir des participations dans des entreprises de médias.
Rappel des faits ici :
M. Wissanu a déclaré que la CE pourrait approuver M. Pita en tant que député pendant l’enquête, et si la CE se prononce en faveur de M. Pita, l’affaire est close. Toutefois, si la commission se prononce contre lui, l’affaire sera portée devant la Cour constitutionnelle, qui pourra suspendre M. Pita dans l’attente de sa décision.
Le CE peut enquêter sur la plainte avant ou après l’annonce officielle des résultats des élections.
Le vice-Premier ministre a cité en exemple l’affaire contre Thanathorn Juangroongruangkit, ancien dirigeant du Future Forward Party (FFP), aujourd’hui dissous, accusé d’avoir violé la règle sur l’actionnariat.
Le tribunal a voté la suspension de M. Thanathorn dès mai 2019 mais la décision finale n’a été rendue qu’en novembre de la même année.
On notera que l’opposition à l’armée a toujours considéré que l’invalidation de Thanathorn était « injuste ». Cette décision puis la dissolution du parti FFP a mené à des manifestations contre l’establishment qui ont duré 9 mois. Si la « justice » devait à nouveau invalider le parti le plus opposé à la mainmise de l’armée sur le pays, les manifestations pourraient recommencer.
Si la CE la soulève, M. Wissanu a déclaré que la question serait tranchée par la Cour constitutionnelle. Cependant, il a noté que des décisions de justice antérieures sur des plaintes similaires pour violation d’actionnariat contre des candidats aux élections pourraient préfigurer l’issue de l’affaire contre M. Pita.
Pendant ce temps, l’activiste politique Ruangkrai Leekitwattana, qui a sollicité l’enquête de la CE sur M. Pita, a fait lundi une déclaration à la CE sur l’affaire et a rappelé les décisions précédentes de la Cour constitutionnelle sur ce genre de questions.
Ces deux prises de parole laissent entendre que le régime est bien décidé à se débarrasser de Pita en prétextant qu’il détient des actions dans un média même si iTV n’émet plus depuis 15 ans.
De son côté, Le Premier ministre Prayut Chan-o-cha a balayé lundi les rumeurs selon lesquelles il resterait Premier ministre si un « accident politique » devait se produire dans un proche avenir.
Interrogé à l’issue de sa rencontre avec les chambres de commerce des jeunes entrepreneurs (YEC), le candidat au poste de Premier ministre du United Thai Nation Party (UTN), a déclaré n’avoir aucun commentaire sur les rumeurs, avant d’ajouter que « tout doit être fait conformément à la loi ».
« Avec des si ! C’est de la spéculation, n’est-ce pas ? Et si ceci ? Et si cela ? Comment puis-je répondre à cela ? » a-t-il déclaré, énigmatique.
Thaksin Shinwatra, ancien premier ministre évincé et en fuite, ne participera plus au débat en ligne hebdomadaire organisé par Pheu Thai « Thai CARE » pendant un certain temps. Cette émission lui permettait d’envoyer ses messages à la Thaïlande mais parfois, ceux-ci s’avéraient gênants. La décision a été prise car certains pensent que Thaksin complique la situation de son propre parti.
Hier une interview de Pita avec la BBC a été censurée par TRUE vision. Les observateurs se demandent si une interview, par la même BBC, de Prayut aurait été censurée. La règle veut qu’aucune nouvelle concernant la Thaïlande venant d’un média étranger ne soit diffusée en Thaïlande, au moins sur TRUE. TV5Monde est censurée de la même façon.
Dernier sujet d’inquiétude et pas le moindre pour Pita : les bisbilles à l’intérieur de la coalition au sujet du perchoir (à l’assemblée). La réunion de ce jour doit absolument régler cette affaire car les rumeurs font beaucoup de mal au fragile attelage.
