Initiative sans précédent et suite aux appels croissants à la liberté, l’Administration métropolitaine de Bangkok (BMA) a décidé de permettre aux élèves des 437 écoles / collèges / lycées sous sa supervision de choisir leur propre coiffure et de porter une tenue décontractée un jour par semaine.
Une des deux lettres adressées aux chefs de districts par Wantanee Wattana, le secrétaire permanent de la BMA, dit que les étudiants peuvent porter la coiffure de leur choix -les styles choisis doivent rester « sains »- dans le but d’améliorer la confiance des adolescents dans leur personnalité.
Les règles actuelles, imposées par le ministère de l’Éducation, stipulent que les cheveux des garçons doivent être coupés très courts, pas plus de 3 cm sur le devant, rasés sur les côtés. Les collégiennes doivent avoir les cheveux coupés jusqu’au lobe de l’oreille et pour les lycéennes, en signe émancipation, c’est 4 cm en dessous du lobe de l’oreille.
La nouvelle instruction stipule que le changement des règles a pour but de reconnaître les droits et la dignité humaine des étudiants. Il demande aux écoles d’élaborer des règlements intérieurs conformes à cette instruction.
L’autre lettre concerne les uniformes des étudiants. Elle stipule que, afin d’alléger le fardeau financier des parents qui achètent des uniformes, les écoles doivent permettre aux élèves de s’habiller de manière décontractée au moins une fois par semaine. Les étudiants sont cependant libres de porter des uniformes toute la semaine s’ils le souhaitent.
Bien sûr la justification financière n’en est pas une puisque les vêtements civils ne sont pas gratuits et qu’on risque d’assister à une surenchère dans les marques digne de la fashion week. On comprend que tout ceci est intimement lié aux différents mouvements de libération de la pensée et de la parole en Thaïlande.
Tous les chefs de district sont chargés de faire connaître ces changements réglementaires afin qu’ils soient mis en œuvre dans les écoles.
Thai PBS World s’est entretenu avec ceux qui portent l’uniforme scolaire tous les jours, pour avoir leur avis.
Une élève de Terminale de l’école Rattanakosinsomphot Ladkrabang, Natkamol Thanjai, a déclaré qu’elle était satisfaite de s’habiller en uniforme scolaire et que les élèves devraient le mettre tous les jours, car cela indique que ces enfants sont scolarisés. Cela peut également empêcher la discrimination de classe.
« Et l’argent pour acheter des vêtements ? Si je ne m’habille pas bien, je serai victime de commérages ou d’intimidation. Je pense qu’un uniforme scolaire permet à tous les élèves de se sentir égaux ».
Natkamol admet cependant que, parfois, elle se sent mal à l’aise avec les règles de l’école, en particulier dans le cas des garçons, qui doivent se couper les cheveux de manière très spécifique.
« Je pense que l’ancienne règle n’est pas bonne. Par exemple, lorsque les enseignants constatent qu’un élève a les cheveux longs, ils coupent eux-mêmes les cheveux. Ou alors, des lycéens qui colorent leurs cheveux pendant les vacances puis les teignent à nouveau en noir à la rentrée, obtiennent une couleur pas vraiment noire comme le souhaitent les enseignants qui renvoient immédiatement ces étudiants chez eux ».
Natkamol admet que les règles sont trop strictes. Lorsqu’elle doit faire face à ce genre de situation, elle se sent découragée d’aller à l’école. En dehors des règles concernant la coiffure, Natkamol se sent libre à l’école.
De même, un élève de 1ère (système français) de l’école Seekan (Wattananun Upathum) a déclaré qu’il portera de toute façon l’uniforme standard, car cela le protège. « Je ne veux pas être le centre de l’attention. Imaginez si mes camarades de classe ont l’air vraiment élégants et branchés, et que je porte des vêtements bon marché, j’ai peur d’être discriminé. L’école est comme une communauté qui a certaines règles. Un jour, lorsque vous sortirez, vous serez confronté à des règles plus strictes. », a déclaré Phuvarich Mailamai.
Au contraire, une élève de 4e (système français) d’une école privée de la province de Nakhon Pathom, Punn Phaochinda, a déclaré qu’elle aimerait pouvoir porter des vêtements décontractés certains jours de la semaine, car les uniformes scolaires sont ennuyeux. « J’aimerais aussi que l’école nous autorise à nous maquiller », a-t-elle ajouté.
Cela fait plus d’un demi-siècle que l’uniforme scolaire est obligatoire en Thaïlande. De nos jours, cependant, certaines écoles privées ont assoupli les règles en permettant à leurs élèves de porter des vêtements décontractés certains jours de la semaine, mais les élèves doivent respecter d’autres règles, par exemple pas d’épaules nues, de hauts courts ou de jupes courtes.
Dans un proche avenir, le port obligatoire de l’uniforme pourrait être supprimé. Le parti Move Forward a promis supprimer les uniformes scolaires.
Cependant, la grande majorité des adultes thaïlandais soutient le port de l’uniforme scolaire comme le prouve cette enquête:
En février de cette année, le ministère de l’Éducation a révoqué ses règlements sur les coiffures des élèves et permet à chaque école de formuler ses propres règles. En réalité, la plupart des écoles de Thaïlande continuent de respecter les anciennes règles et très peu de choses ont changé.
