Le Conseil suprême de la Sangha thaïlandaise a réaffirmé son interdiction formelle faite aux moines de se livrer à des activités liées à la loterie ou à la divination. Cette mise en garde intervient alors que plusieurs cas récents, impliquant même des membres du clergé de haut rang, ont suscité l’inquiétude des autorités bouddhistes.
Selon le Conseil, ces pratiques enfreignent la discipline monastique et les lois du royaume. Elles alimentent la superstition, détournent les fidèles du travail honnête et nuisent à la réputation du bouddhisme. « Se présenter comme voyant ou figure mystique est une faute grave », rappelle le communiqué officiel.
Cette interdiction ne date pas d’hier. Dès 1955, un décret du Conseil de la Sangha interdisait aux moines et novices toute implication dans les jeux de hasard, y compris la prédiction de numéros de loterie. Les contrevenants s’exposent à des sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu’à la révocation.
Les racines de cette règle remontent encore plus loin : en 1860, sous le règne du roi Rama IV, un décret royal interdisait aux moines de boire de l’alcool, de fréquenter les lieux de divertissement nocturne ou de se déguiser en laïcs pour participer à des jeux d’argent. L’objectif était clair : préserver l’intégrité du monastère et éviter toute conduite jugée nuisible à la religion.
Malgré ces mesures, certains moines continuent à se présenter comme des figures mystiques, attirant des fidèles en quête de numéros chanceux. Le Conseil souligne que cette dérive favorise les addictions au jeu et dénature les enseignements du Dharma.
À titre l’exemple, le 15 septembre, les villageois sont rendus en nombre pour prier devant la statue de Luang Por Noi, ancien abbé vénéré pour sa sagesse et ses pouvoirs supposés au Wat Pa Yang, province d’Uttaradit. À la veille du tirage de la loterie nationale, les fidèles ont multiplié les offrandes et les rituels, espérant obtenir des numéros gagnants grâce à des bâtons d’encens. Le chiffre 397 est apparu brièvement. En cas de victoire, les villageois prévoient d’organiser un combat de boxe en guise d’offrande. Ce culte populaire autour de Luang Por Noi, réputé pour ses amulettes, illustre la persistance des croyances locales. Si aucun moine n’a prédit le tirage, l’implication d’un vénérable décédé dans les locaux monastiques profite aux religieux en place.
Le Conseil insiste : les moines doivent se consacrer à la méditation, à l’étude et à la transmission du Dharma. Toute implication dans des pratiques liées au jeu sera sévèrement sanctionnée. Une tentative de restaurer la confiance des fidèles et de recentrer la vie monastique sur ses principes fondamentaux.
