
L’Autorité des autoroutes de Thaïlande (Exat) prévoit de soumettre fin 2026 au cabinet un projet de pont reliant le continent à Koh Samui. Si approuvé, les appels d’offres débuteraient en 2027, avec un début de construction en 2029 et une ouverture prévue en 2034. Le pont, long d’environ 40 km, réduirait le temps de trajet à 20 minutes, contre plus d’une heure en ferry. Le coût estimé est de 55 milliards de bahts, financé via un partenariat public-privé. Exat espère également impliquer des opérateurs publics comme l’Autorité de l’électricité et National Telecom, qui bénéficieraient de cette nouvelle liaison.
Le projet est en phase finale d’étude, avec une dernière série d’auditions publiques prévue d’ici fin 2025. Les sites potentiels dans les provinces de Surat Thani et Nakhon Si Thammarat ont été inspectés. L’objectif est de désengorger les traversées maritimes et de dynamiser le tourisme et l’économie régionale.
En parallèle, le projet de Land Bridge ou Pont terrestre, porté maintenant par le Premier ministre Anutin Charnvirakul, suscite de vives inquiétudes. Ce méga-projet à 1 000 milliards de bahts vise à relier les ports profonds du golfe de Thaïlande et de la mer d’Andaman via des autoroutes, voies ferrées et pipelines. Mais le président de la commission sénatoriale ad hoc, Noraset Pratchayakorn, appelle à suspendre le projet et la loi sur le Corridor économique du Sud (SEC), faute de transparence et de concertation.
Les études d’impact environnemental (EHIA) sont jugées bâclées, limitées à un rayon de 5 km, et excluent les populations directement concernées. Les risques écologiques sont majeurs : destruction d’écosystèmes marins, érosion côtière, atteinte aux réserves biosphériques et aux sites potentielement classés à l’UNESCO. Les impacts sociaux incluent la menace sur la minorité ethnique Moken, les plantations de durians, le tourisme à Koh Phayam et les revenus agricoles.
Noraset recommande une évaluation stratégique coordonnée par le Conseil national du développement économique et social, avec une participation inclusive. Il propose d’attendre les prochaines élections pour légitimer le projet via les programmes politiques, et d’envisager des alternatives moins invasives.
Ces deux projets de « pont » illustrent les tensions entre développement accéléré et respect des équilibres locaux, environnementaux et sociaux.