
Frontière cambodgienne
Les travailleurs migrants cambodgiens, essentiels à l’économie thaïlandaise, se retrouvent au cœur d’un conflit diplomatique, voire militaire, entre Bangkok et Phnom Penh. Ces jours-ci, Hun Sen, président du Sénat cambodgien, a appelé ses compatriotes à rentrer au pays, promettant emplois et formations. Cette initiative fait suite à un ultimatum exigeant la réouverture des postes-frontières thaïlandais, fermés pour raisons de sécurité. Après le refus de la Thaïlande, le Cambodge a interdit l’importation de fruits et légumes thaïlandais, bloquant des centaines de camions.
Lors d’une marche populaire de soutien au gouvernement, à Phnom Penh, le Premier ministre Hun Manet a renforcé cet appel au retour. L’administration municipale de Phnom Penh a annoncé mercredi qu’il existait une demande de 31 807 travailleurs dans de la construction et la fabrication de vêtements.
Pourtant, de nombreux travailleurs cambodgiens en Thaïlande refusent de partir, affirmant que leur vie est désormais en Thaïlande. Ils craignent l’instabilité économique d’un retour et doutent que le Cambodge puisse leur offrir des conditions équivalentes.
La Thaïlande accueille au moins 500 000 travailleurs cambodgiens, dont 400 000 sont enregistrés légalement. La Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra a assuré qu’aucune expulsion n’était prévue et que les travailleurs sous accords bilatéraux resteraient protégés.
Les tensions frontalières, les restrictions commerciales et les déclarations politiques ont semé l’incertitude. Les travailleurs, bien intégrés, redoutent un retour précipité dans un pays aux infrastructures limitées. En parallèle, les employeurs thaïlandais, notamment dans la construction et la restauration, dépendent fortement de cette main-d’œuvre.
Malgré les pressions, la majorité des migrants souhaitent rester, soulignant que leur foyer est désormais en Thaïlande. Ils appellent à la stabilité et à la reconnaissance de leur contribution fondamentale à l’économie locale.
Les patrons thaïlandais préfèrent embaucher des migrants qui n’ont pas le droit de démissionner du jour au lendemain et qui sont beaucoup plus fiables et souvent plus adaptables que certains de leurs compatriotes.