
Photo publiée sur Facebook au moment de l'envoi des réfugiés Ouïghours en Chine par les autorités thaïlandaises.
Les trois derniers Ouïghours détenus au centre de détention de l’immigration de Suan Phlu à Bangkok ont été transférés au Canada, mettant fin à une saga diplomatique qui a duré plus d’une décennie. Leur réinstallation a été confirmée par des sources gouvernementales et diplomatiques, précisant que ces hommes, détenus depuis 2014, ont été transférés grâce à un accord entre les autorités thaïlandaises et canadiennes. Cette nouvelle intervient quelques mois après l’expulsion controversée de 40 autres Ouïghours vers la Chine, une décision qui avait suscité une vive condamnation internationale.
Le trio faisait partie d’un groupe d’environ 300 Ouïghours arrêtés en 2014 près de la frontière entre la Thaïlande et la Malaisie. En 2015, 173 femmes et enfants ont été autorisés à se rendre en Turquie pour demander l’asile, tandis que 109 autres ont été rapatriés de force en Chine, provoquant une indignation mondiale. Les trois Ouïghours restants n’ont pas été expulsés vers la Chine, car ils possédaient des passeports kirghizes, ce qui a facilité leur réinstallation au Canada.
Pendant leur détention, les Ouïghours ont enduré des conditions extrêmement difficiles : surpopulation, insalubrité, et pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments. Ils n’avaient pas accès à des repas halal, à des soins de santé de base, ni à une représentation juridique ou à des contacts familiaux. Plusieurs détenus sont décédés au fil des ans, et le gouvernement thaïlandais a été critiqué pour avoir refusé l’accès aux organisations humanitaires et au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). La junte militaire au pouvoir en Thaïlande à l’époque, considéraient ces réfugiés comme des criminels.
Chalida Tajaroensuk, présidente de la People’s Empowerment Foundation, a confirmé que les trois Ouïghours sont arrivés sains et saufs au Canada. Leur réinstallation a été rendue possible grâce aux efforts d’un Ouïghour réinstallé en Australie, qui a contacté plusieurs ambassades pour plaider leur cause. Le Canada a répondu favorablement, permettant au HCR de traiter leur réinstallation.