Les rebelles anti-junte et les forces alliées à la frontière avec la Thaïlande ont chassé le dernier bataillon de la junte de Mayawaddy, dans l’État Kayin, a déclaré l’Union nationale Karen dans un communiqué.
L’Armée de libération nationale Karen – la branche armée de l’Union nationale Karen, ou KNU – l’Organisation de défense nationale Karen, et les forces alliées ont envahi la base du bataillon 275 de la junte à Myawaddy jeudi vers 4h30 du matin, a indiqué la KNU.
Myawaddy est désormais entièrement contrôlée par les forces rebelles, a déclaré la KNU, mettant ainsi fin à son assaut contre les positions de la junte dans la ville qui a débuté le 8 avril.
Un combattant anti-junte qui a pris part aux attaques terrestres a déclaré à RFA Burmese que les rebelles ont pris la base après que les troupes de la junte ont refusé de se rendre.
« Au départ, nous avons tenté des négociations pour leur reddition, mais lorsque ces efforts ont échoué, nous avons lancé l’attaque, ils ont riposté et l’opération a duré plus d’une journée. »
Le combattant a déclaré que les rebelles avaient saisi une importante réserve d’armes et de munitions et qu’ils étaient désormais « engagés dans des opérations de nettoyage » dans la zone.
Vers 10 heures du matin, jeudi, des avions de combat militaires ont mené deux frappes aériennes à proximité de la base du bataillon, ont indiqué des habitants de Myawaddy, qui ont ajouté que les bureaux du gouvernement et les commissariats de police fonctionnent comme d’habitude.
Un habitant a déclaré que les soldats de la junte qui avaient fui s’étaient réfugiés près du pont de l’amitié n°2 situé à 10 kilomètres du principal passage d’immigration des deux pays et principalement utilisé pour le transport de marchandises.
« Ils [les troupes de la junte] ne se sont pas rendus. Il y a environ 200 soldats, dont certains blessés, dans le parking des camions près de ce pont. » Les autorités thaïlandaises ont fermé temporairement le pont à la circulation dans l’après-midi de jeudi.
Dans un communiqué publié plus tard jeudi, la KNU a déclaré que les soldats de la junte qui se sont retirés sur le pont n°2 « avaient l’intention de chercher refuge en Thaïlande, mais ont été bloqués et se retrouvent piégés ».
Plusieurs sources à Myawaddy affirment que le colonel Saw Chit Thu, des garde-frontières alignées sur la junte, « coordonnait leur évacuation vers la Thaïlande. Par ailleurs « plus de 1 000 » habitants de Myawaddy ont fui vers la Thaïlande pour échapper aux combats.
Les médias pro-junte ont rapporté que le bataillon 275 s’était « temporairement retiré » de Myawaddy, mais ont déclaré que la ville était toujours sous le contrôle de l’armée.
Les forces alliées ont saisi les bataillons 355, 356 et 357 de la junte dans la ville voisine de Thin Gan Nyi Naung le 5 avril, forçant 67 officiers, 410 soldats de la junte et 617 membres de leurs familles à demander l’évacuation vers la Thaïlande. Ce qui n’a pas eu lieu pour l’instant.
Les habitants faisaient la queue au pont de l’amitié n°1 pour entrer en Thaïlande comme d’habitude selon des habitants de Myawaddy. Un officier thaïlandais de l’immigration a déclaré que le nombre de personnes traversant vers Mae Sot depuis Myawaddy avait doublé pour atteindre près de 4 000 par jour.
Le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a confirmé aux médias locaux jeudi soir que les soldats «avaient dû se retirer» de leur base, invoquant la sécurité de leurs familles. Certains combattants de la KNU sont entrés dans la ville, a-t-il confirmé par ailleurs, sans donner plus de détails.
Un porte-parole de la KNU avait précisé jeudi à l’AFP qu’il était probable que les soldats avaient encore leurs armes.
En janvier, 276 soldats ont fui en Inde à la suite d’affrontements avec des combattants de minorités ethniques dans l’ouest du pays. Un avion militaire a été envoyé en Inde pour les rapatrier. C’est visiblement un tel scénario que souhaite la junte pour récupérer ses troupes à Mae Sot.
A Myawaddy aucun bruit d’affrontements n’a été entendu récemment, a déclaré un habitant. « La KNU n’est pas encore entrée dans la ville. Nous nous cachons toujours chez nous« , a-t-il déclaré.
Myawaddy est le troisième point de passage frontalier de Birmanie. Selon le ministère du Commerce de la junte, un milliard d’euros de biens y ont transité pendant les 12 derniers mois.
Vendredi, le pont n° 2 a rouvert, selon les forces spéciales Rachamanu. Le pont de l’amitié n°1 fonctionne également normalement.
Selon les médias, les 100 ou 200 soldats qui attendent au pont n°2 n’ont pas été attaqués par les groupes de libération. Ils attendent actuellement une réponse à leur demande de passer la frontière thaïlandaise, où ils devraient se rendre aux autorités thaïlandaises.
Le ministre des Affaires étrangères thaïlandais Parnpree Bahiddha-nukara est actuellement à Mae Sot pour surveiller la situation le long de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar. Il a été rejoint par le vice-ministre des Affaires étrangères, le secrétaire général du Conseil national de sécurité et des représentants de haut niveau du ministère des Affaires étrangères, du ministère de la Défense, des forces armées royales thaïlandaises et de la police royale thaïlandaise. Il a également rencontré le gouverneur de la province de Tak et des représentants des agences de sécurité locales.
Alors qui tient Myawaddy ? De source sûre, la KNU négocie actuellement une trêve avec la junte afin que les deux parties puissent bénéficier du commerce via le poste frontière.
