
Naissance du nouveau parti
Amnesty International a vivement critiqué la dissolution du principal parti d’opposition thaïlandais, Move Forward, la qualifiant de coup dur porté aux droits humains dans le pays et suscitant des inquiétudes quant à la liberté d’expression et à la répression politique
Le directeur d’Amnesty International, Deprose Muchena, a exprimé sa consternation face à la décision du tribunal, déclarant : « La dissolution du parti, simplement pour avoir plaidé en faveur de réformes, constitue une grave violation des droits à la liberté d’expression des législateurs, qui ne faisaient que remplir leur devoir : proposer des lois.
Muchena a ajouté : « Le harcèlement incessant des autorités contre l’opposition politique contredit clairement l’engagement public de la Thaïlande en faveur des droits de l’homme, alors qu’elle cherche à obtenir un siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. »
Pour l’Union Européenne, La décision de la Cour constitutionnelle thaïlandaise de dissoudre Move Forward Party (14 millions de voix) constitue un revers pour le pluralisme politique en Thaïlande.
« Il est important que les autorités veillent à ce que tous les députés légitimement élus puissent continuer à remplir leur mandat parlementaire, quel que soit leur parti comme le stipule le Pacte international relatif aux droits civils et politiques », selon l’UE.
Matthew Miller, porte-parole du Département d’État américain, a publié une déclaration : « Les États-Unis sont profondément préoccupés par la décision rendue par la Cour constitutionnelle thaïlandaise qui met en péril les progrès démocratiques de la Thaïlande et va à l’encontre des aspirations du peuple thaïlandais à un avenir fort et démocratique. Les États-Unis ne prennent position en faveur d’aucun parti politique. Nous exhortons la Thaïlande à prendre des mesures pour protéger la démocratie. »
Les « parlementaires de l’ASEAN pour les droits de l’homme » considèrent également que La dissolution du parti Move Forward est une atteinte à la démocratie.
La Cour constitutionnelle thaïlandaise, qui a ordonné la dissolution du parti Move Forward, a appelé les universitaires, les hommes politiques et les diplomates étrangers à respecter les décisions de la Cour et à adhérer aux protocoles diplomatiques habituels. Elle ajoute « Chaque pays a sa propre constitution et sa propre législation interne, qui diffèrent de celles des autres pays. »
Une dirigeante de feu le parti Move Forward (MFP), Sirikanya Tansakun, a annoncé que les députés restants rejoindront un nouveau parti le 9 août. Sirikanya affirme que le MFP compte actuellement environ 100 000 membres et les a encouragés tous à rejoindre le nouveau parti. Sirikanya est considérée comme la possible cheffe du nouveau parti dont le député Natthaphong Ruengpanyawut pourrait devenir le secrétaire général. Les citoyens pourront s’inscrire à ce nouveau parti le 10 août au Stadium One. Le député Rangsiman Rome a prédit une victoire écrasante du nouveau parti aux prochaines élections générales car son engagement à lutter contre la corruption, à protéger les droits de l’homme et à promouvoir des réformes progressistes est conforme aux exigences de la population.
Par ailleurs, Rejoindre le « Mouvement progressiste » est une option viable pour les dirigeants du Move Forward qui ont été bannis de la politique mais souhaitent rester actifs, selon Pannika Wanich, l’un des dirigeants du groupe. Le Mouvement progressiste, qui n’est pas un parti politique mais une sorte de purgatoire, a été fondé par d’anciens membres du Future Forward, aujourd’hui dissous, prédécesseur du MFP. Pita Limjaroenrat, s’est engagé à poursuivre la lutte pour que la Thaïlande devienne un pays véritablement libre et démocratique. Il explique dans un message que ce fut « le plus grand honneur de ma vie de pouvoir servir mon pays et son peuple » et « un souvenir que je n’oublierai jamais ».
Sur un total de 148 députés de Move Forward, cinq ont été privés de leur statut car ils font partie des 11 personnalités visées par le Conseil Constitutionnel. Il reste donc 143 députés dont le futur n’est pas totalement clair. La question des députés « cobras » ou « traîtres » pourrait devenir un gros problème.
Le Premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin, nie avec véhémence avoir eu connaissance des rumeurs sur les tentatives d’achats de députés du Parti Move Forward (MFP) pour qu’ils changent d’allégeance. Le député MFP de Chachoengsao, Jirat Thongsuwan affirme qu’un ministre important auraient fait miroiter la somme de 30 millions de bahts devant certains députés du MFP pour les attirer. Srettha a appelé au calme. Pour lui, la dissolution de MFP est un coup dur car il mise tout sur le tourisme et les investissements étrangers. Même si des manifestations importantes qui risqueraient de faire fuir les touristes sont peu probables, l’instabilité politique chronique ne peut qu’inquiéter les investisseurs. Il promet un pays moderne et ouvert et les investisseurs se retrouvent devant un royaume déchiré entre une population avide de progrès et un régime arc-bouté sur une vision moyenâgeuse.
Payong Srivanich, président de la Chambre de commerce étrangère en Thaïlande (JFCCT), a déclaré que le secteur privé considère les facteurs politiques comme un élément clé affectant la confiance des investisseurs.
Pendant ce temps, des groupes d’étudiants à travers la Thaïlande ont annoncé leur intention de manifester contre la décision du tribunal. Les étudiants des universités Chulalongkorn, Thammasat et de Chiang Mai organiseront des rassemblements.
Le nouveau premier vice-président de l’Assemblée pourrait être issu du parti Bhumjai Thai. Phradon Prisananantakun, un député d’Ang Thong serait proposé pour ce poste.