
La Première ministre Paetongtarn Shinawatra a présenté ses excuses publiques après la diffusion d’un enregistrement audio controversé de sa conversation avec Hun Sen, président du Sénat cambodgien. Elle a assuré que ses propos relevaient d’une stratégie diplomatique et a exprimé ses regrets pour les critiques formulées à l’égard du commandant de la 2e région militaire, à qui elle a personnellement présenté ses excuses. Aux côtés de responsables militaires, elle a réaffirmé son attachement à l’unité nationale et au soutien envers l’armée.
Le ministère des Affaires étrangères thaïlandais a convoqué l’ambassadeur cambodgien pour dénoncer cette fuite comme une violation des normes diplomatiques, et Hun Sen a reconnu avoir partagé l’enregistrement avec 80 personnes. L’enregistrement de 17 minutes, devenu viral, a suscité une indignation publique et fragilisé la position du gouvernement thaïlandais. On ne sait pas quelle est la stratégie de Hun Sen depuis quelques semaines qui semblent provoquer la Thaïlande et nuire aux Shinawatra dont il est très proche.
Face à la pression croissante, notamment des manifestations à Bangkok et des fermetures de routes autour du siège du gouvernement, plusieurs partis d’opposition, dont Thai Sang Thai, Palang Pracharath et le Parti du peuple, ont exigé la démission de Paetongtarn. Le député de Bhumjaithai, Paradorn Prissananantakul, a démissionné de son poste de vice-président de la Chambre, et tous les ministres de son parti ont quitté le gouvernement.
Le chef de l’opposition, Natthapong Ruengpanyawut, estime que le scandale a sapé la crédibilité de Paetongtarn. Il critique l’absence de résultats sur des promesses clés et demande la dissolution de la Chambre pour rendre le pouvoir au peuple. Selon lui, même si la diplomatie informelle a sa place, la Première ministre a omis d’utiliser les mécanismes diplomatiques formels comme le Comité conjoint des frontières.
Des manifestants ultranationalistes et ultraroyalistes manifestent devant le siège du gouvernement à Bangkok, pour exiger la démission de Paetongtarn. Ils avaient déjà manifesté de la même manière en 2014 et l’armée avait pris prétexte de ces rassemblements pour fomenter un coup d’État militaire mené par Prayut Chan-o-cha.
Plusieurs plaintes ont été déposées contre la Première ministre. Un ancien sénateur, un comité sénatorial et un militant politique ont chacun engagé des démarches distinctes pour demander sa destitution.
L’ancien sénateur Somchai Sawaengkarn, accompagné d’un avocat et d’un universitaire royaliste, a porté plainte pour atteinte à la sécurité nationale. Ils accusent également la Première ministre d’avoir discrédité un haut commandant militaire et révélé des informations sensibles. Une énième manifestation est prévue pour appuyer leur demande de démission.
La commission sénatoriale de la défense, dirigée par le général Sawat Tassana, a également réclamé sa démission, invoquant un manque de loyauté envers les forces armées et une attitude jugée trop conciliante envers le Cambodge. La commission prévoit de saisir la Cour constitutionnelle ainsi que la Commission nationale de lutte contre la corruption.
Enfin, Ruangkrai Leekitwattana, procédurier en série, a saisi la Commission électorale pour examiner si les propos de Paetongtarn enfreignent les critères d’intégrité. Il remet en question sa loyauté envers l’armée thaïlandaise et envisage de transmettre l’affaire à la Cour constitutionnelle.
Le gouvernement insiste pour dissocier l’incident des relations bilatérales profondes entre les peuples. Cependant, la crise actuelle a érodé la confiance publique et précipité une recomposition politique, alors que la coalition au pouvoir est affaiblie. Paetongtarn appelle à la coopération entre l’armée et le gouvernement pour surmonter cette épreuve, mais les appels à sa démission se multiplient, menaçant sa survie politique. La suite dépendra des choix qu’elle fera face à la pression institutionnelle, populaire et diplomatique.