Cette longue étude de l’agence nationale de presse THAIPBS démontre que La promesse du Premier ministre Srettha Thavisin de réduire la pauvreté n’a pas convaincu les experts. Ils soulignent que ses politiques gouvernementales sont des promesses électorales principalement conçues pour le court terme.
«Si l’on examine la politique du parti Pheu Thai au pouvoir, on constate qu’elle vise uniquement à stimuler l’économie. La relance économique n’équivaut pas à mettre fin à la pauvreté », a déclaré Nitirat Sapsomboon, du réseau WeFair.
WeFair préconise des politiques visant à réduire les inégalités sociales et économiques et à améliorer l’accès à la protection sociale.
La mentalité de Pheu Thai est dominée par le capitalisme et les entreprises privées, a déclaré Nitirat. Le parti au pouvoir semble penser que s’il parvient à développer l’économie pour créer « un plus gros gâteau », tout le monde en bénéficiera, a-t-il ajouté. C’est le fameux ruissellement déjà cher à Prayut et à d’autres qui n’a fonctionné ni en France, ni en Thailande, ni nulle part.
« Le gouvernement doit comprendre qu’augmenter les revenus des citoyens n’est pas la solution aux inégalités [structurelles].»
Le gouvernement dirigé par Srettha a mis en avant des politiques visant à résoudre les problèmes d’endettement des agriculteurs, des entreprises et des particuliers ; réduire leurs dépenses énergétiques ; générer plus de revenus grâce au tourisme ; et créer des opportunités pour améliorer l’économie et la qualité de vie des gens. Pour stimuler l’économie, il remettra 10 000 bahts à chaque citoyen sur un portefeuille numérique. Il espère que ces mesures, ainsi que d’autres, permettront de faire passer la croissance du PIB du taux actuel de 2,6 % à 5 %.
Le parti au pouvoir et sa coalition ont promis d’améliorer la protection sociale via des allocations mensuelles pour les personnes âgées, les handicapés et les enfants, ainsi que d’augmenter le salaire minimum, a déclaré Nitirat.
Cependant, le discours de politique générale début septembre n’a pas abordé ces sujets en détail, a-t-il ajouté. « Donc, je ne suis pas sûr que les promesses de campagne électorale restent valables. »
Les inégalités constituent depuis longtemps un problème en Thaïlande, les statistiques montrant un énorme écart de patrimoine entre les quelques plus riches et la majorité pauvre. Le plus grand propriétaire foncier du pays possède jusqu’à 631 263 rai (plus de 1 000 kilomètres carrés) de terres, tandis que d’innombrables agriculteurs restent sans terre.
Selon le rapport annuel Global Wealth du Credit Suisse, plus de la moitié des adultes thaïlandais (53,6 %) ont une fortune inférieure à 10 000 dollars. 43,8 % ont des actifs compris entre 10 000 $ et 100 000 $. Il ne reste que 2,5 % qui possèdent entre 100 000 et 1 million de dollars d’actifs. Ceux qui valent plus d’un million de dollars représentent 0,2% de la population thaïlandaise.
La Thaïlande a été désignée comme le pays le plus inégalitaire au monde dans l’enquête 2018 du géant bancaire suisse.
« De 2009 à 2022, la richesse des 40 personnes les plus riches de Thaïlande a été multipliée par 5,7 pour atteindre 143 milliards de dollars », a commenté Nitirat. « Dans le même temps, environ 2,9 millions d’enfants thaïlandais vivent dans des familles où chaque membre dispose de 2 577 bahts par mois pour vivre. »
Environ 4,4 millions de Thaïlandais vivent en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 2 803 bahts par mois.
La dernière étude nationale menée par l’Office national des statistiques et l’UNICEF Publiée le 27 septembre 2023 montre que les enfants des provinces du sud de la Thaïlande sont défavorisés dans des domaines tels que la nutrition, la vaccination, la fréquentation scolaire et les compétences d’apprentissage.
La vaccination est un sujet de préoccupation particulier dans le Sud profond. Le rapport révèle que 83 % des enfants d’un an à travers le pays sont entièrement immunisés contre des maladies telles que la rougeole, la polio et la tuberculose. Mais la vaccination est bien plus faible dans le Sud, s’établissant respectivement à 44 %, 29 % et 27 % à Yala, Narathiwat et Pattani.
Les enfants vivant dans le Sud connaissent également les taux de malnutrition les plus élevés, ce qui peut nuire à leur développement. Selon l’enquête, le taux de retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans dans la province de Ranong est de 26 %, soit le double de la moyenne nationale de 13 %. Les taux sont également alarmants à Yala, Pattani et Narathiwat, tous à 20 %.
Le Sud de la Thailande est globalement plus riche que le Nord-Est, par exemple. On en conclut qu’outre l’aspect économique, le Sud souffre d’un manque d’éducation car marginalisé par le pouvoir central.
Nitirat a déclaré que WeFair milite en faveur de neuf politiques clés pour garantir le bien-être de la population thaïlandaise :
– Une allocation mensuelle de 3 000 bahts pour chacun des 17,1 millions d’enfants thaïlandais jusqu’à l’âge de 18 ans ; éducation gratuite de la maternelle au secondaire pour 9,2 millions de Thaïlandais
– Égalité de couverture santé pour tous les Thaïlandais selon la même norme
– Garantir à 25 millions de familles l’accès à un logement abordable et de qualité
– Extension du régime de sécurité sociale pour couvrir les 39 millions de Thaïlandais au travail
– Une allocation mensuelle d’au moins 3 000 bahts pour les retraités, dont le montant est ajusté en fonction de l’inflation
– Protection sociale inclusive pour 17 millions de femmes et de personnes handicapées physiques
– Réforme fiscale pour répartir la richesse plus équitablement pour une société plus juste
Sustarum Thammaboosadee, de l’Université Thammasat et experte dans le domaine de la protection sociale de l’État, a déclaré que Pheu Thai avait formé un gouvernement composé d’anciennes gloires du régime peu intéressées par les politiques sociales. Il est révolu le temps où, le mouvement pro-Thaksin, avait introduit le programme médical révolutionnaire de 30 bahts, précurseur de la très appréciée couverture universelle de soins de santé, a-t-elle ajouté.
« Selon ce que déclarent ses leaders, Pheu Thai pense apparemment que la mise en œuvre de ses politiques sociales pourrait être trop coûteuse et prendre trop de temps », a commenté l’universitaire.
Le vice-ministre des Finances Julapun Amornvivat, un chef Pheu Thai, a déclaré au Parlement lors de la séance inaugurale qu’il était temps pour tout le monde de se réveiller du « rêve de bien-être » et de revenir à la réalité.
« Nous devons comprendre que la structure, le PIB et les revenus de la Thaïlande sont très différents de ceux d’États-providence comme la Suède, la Finlande et la Norvège », a déclaré Julapun. « Nous ne pouvons vraiment pas assurer une protection sociale universelle. »
C’est évidemment plus une question de choix politique que de réalité économique dans un pays développé comme la Thaïlande qui ne manque pas de milliardaires.
Par ailleurs, les allocations ne font pas tout, la qualité de la vie réside dans les crèches, les clubs de sports, les activités culturelles, des transports en commun confortables et abordables, etc. pour tous les âges.
Enfin, un homme politique qui ne rêve pas de bien-être pour ses concitoyens devraient songer à changer de voie.
