La famille du patron de facto du PHEU THAI, Thaksin Shinawatra, préférerait qu’il reporte son retour tant attendu du mois prochain jusqu’à ce qu’un gouvernement soit mis en place, a déclaré une source sûre de son clan.
L’ex épouse de Thaksin, Podjaman na Pombejra, et leurs filles, Pintongta Kunakornwong et Paetongtarn Shinawatra, ont déjeuné ensemble dans un hôtel de Bangkok. Elles ont discuté de son retour prévu après 17 ans d’auto-exil à l’étranger et se sont mises d’accord pour lui demander de retarder, a déclaré la source qui a parlé sous couvert d’anonymat.
Les membres de la famille Shinawatra s’inquiètent considérablement que Thaksin ne soit « trompé » par certains s’il revenait dès le mois prochain et préféreraient fortement qu’il attende la mise en place du gouvernement Move Forward – Pheu Thai et 6 autres partis, a indiqué la source qui s’est abstenue de dire sur quoi il pourrait éventuellement être trompé et par qui.
Au lieu de se voir offrir une assignation à résidence, comme certaines personnes l’ont peut-être supposé, Thaksin pourrait se retrouver derrière les barreaux d’une prison à son retour, a déclaré la source.
Autre scénario : que le régime échange l’assignation à résidence contre le lâchage de Move Forward par le Pheu Thai.
Dernier scénario qui ressemble à celui de 2014 : que le retour de Thaksin excite les royalistes comme un chiffon rouge, que des manifestations violentes s’ensuivent rendant le coup d’état inévitable.
Thaksin a déjà été condamné par contumace à une peine combinée de 10 ans de prison pour des chefs d’inconduite distincts perpétrés pendant son mandat de Premier ministre il y a près de deux décennies.
Mais Thaksin a juré à maintes reprises de revenir, peu importe ce qui pourrait lui arriver, car il dit vouloir s’occuper de ses sept petits-enfants sans s’impliquer dans la politique. S’il est évident qu’il n’occupera plus jamais la moindre responsabilité officiellement, on imagine mal sa fille Paetongtarn, au gouvernement, agir sans en parler avec lui. Par ailleurs, ses interventions parfois gênantes ne pourront que brouiller le message du gouvernement.
L’ancien Premier ministre, qui a été renversé lors du coup d’État de 2006, qui parcourt le monde et vit en exil depuis, a déclaré plus tôt qu’il ne demanderait de l’aide à personne, en particulier à la base du Pheu Thai, après son retour.
Il reconnaît ne plus être en phase avec la Thaïlande, en particulier la jeunesse, ce qui ne l’empêche pas de commenter sans cesse.
Selon la source, Pojaman pense également que sa fille Paetongtarn ne devrait pas essayer de devenir Premier ministre dès maintenant. C’est pourtant elle qui a le plus de chance d’obtenir le poste alors que Pita sera peut-être empêché par le régime. De toute façon, il est évident que l’establishment n’aura de cesse de nuire à un gouvernement de coalition libéral.
Paetongtarn confirme malgré tout que son père organise son retour en Thaïlande même si le général Prayut Chan-o-cha est toujours Premier ministre par intérim. Elle a ajouté que Thaksin respectera la loi.
Les obstacles devant Pita Limjaroenrat sont de plus en plus nombreux et il aura beaucoup de mal à les franchir tous. Des groupes d’ultra-royalistes ont déposé une plainte de crime de lèse-majesté contre lui pour ses commentaires sur l’institution royale lors d’une interview avec la BBC.
Les plaignants sont Songchai Niamhom du King Protection Group, Aramsak Butju de Roo Than Lok Online, Nangnoi Assawakittikorn du Digital Citizenship Center et Thanadet Tulyaksakul du Rajabhakdi Vocational Group.
Cette histoire survient alors que True Visions avait bloqué la diffusion de l’interview le 30 mai. Cela justifie a posteriori la censure opérée par TRUE. On ne sait pas Pita premier ministre serait également censuré par TRUE.
Pour mémoire, Move Forward souhaite que seul le bureau du Palais ait le droit de déposer des plaintes pour crime de lèse majesté. Actuellement, n’importe qui peut le faire pour nuire à son voisin ou à un adversaire politique par exemple. Pita, dans le cas présent, risque 15 ans de prison.
A la question de savoir si la majorité de Thaïlandais qui ont voté pour le progrès sont prêts une nouvelle fois à laisser le pouvoir à l’armée et aux royalistes, les progressistes répondent « Non, c’est fini. »
« Si la Thaïlande était une démocratie normale, Pita serait déjà au pouvoir. » affirment les observateurs étrangers, comme le japonais NIKKEI. « Cependant une large victoire électorale ne signifie pas que l’establishment le laissera gouverner. »
Pita héritier de la longue lutte de la Thaïlande pour la démocratie déclare: « C’est comme si nous apprenions à faire du vélo, et que cette personne paternaliste qui sait mieux que les autres nous fait tomber du vélo à chaque fois. » En effet, les royalistes affirment agir pour le bien de la Thaïlande même s’ils lui nuisent.
« Les Thaïlandais devraient cesser d’avoir peur des putschistes », a déclaré Wan Muhamad Noor Matha, le chef du parti Prachachart. « C’est un problème important pour notre pays et pour le développement démocratique. Nous devons surmonter notre peur des dictateurs », a-t-il déclaré.
Il a en outre ajouté : « Le temps est venu pour nous de ne plus être soumis aux militaires et à leurs associés. Il est temps que le gouvernement représente le peuple. » Mais il ne dit pas s’il est prêt pour une guerre civile inévitable s’il se lève contre les putschistes.
En parlant de conflit, Le Dr Thitinan Pongsudhirak politologue de renom a fait valoir dans un article récent pour Nikkei Asia que l’establishment conservateur thaïlandais devrait rechercher un compromis tant qu’il le peut encore et donc avant qu’il ne soit trop tard, pour lui. S’acharner sur les gouvernements populistes de Thaksin puis sur Future Forward a agi comme un accélérateur du progressisme de Move Forward. S’en prendre à Move Forward ne fera qu’ajouter de l’huile sur le feu et inciter à des idées de réformes encore plus radicales contre le régime qui, finalement, perdra tout.
Sita Divari, le candidat au poste de premier ministre Thai Sang Thai, a également exprimé sa fermeté contre les putschistes à venir. Il a rappelé que Pita, ne détenait que 0,0035% des actions d’iTV qui de toute façon n’était plus un média depuis 15 ans. Le condamner pour cela serait ridicule.
En revanche, Sita a souligné qu’aucune enquête n’a été menée contre le général Prayut Chan-o-cha, alors qu’il a fomenté un coup d’État en 2014 et surtout a sapé le système démocratique au point qu’on imagine mal un premier ministre choisi par le peuple arriver au pouvoir.
Prayut s’était auto-amnistié en 2014 comme tous les putschistes passés et à venir.
Un journaliste non aligné sur le pouvoir, Pravit Rojanaphruk, a beau jeu de rappeler que la presse (dont Thaivisa en français) et les Thaïlandais en général ne se sont pas élevés contre Prayut à l’époque par peur légitime des représailles.
