
Les réseaux de fraude transnationaux, notamment ceux liés aux centres d’appels clandestins, restent plus actifs que jamais en Asie du Sud-Est. Le 13 octobre, une opération spéciale menée par la Burapha Task Force à Aranyaprathet, dans la province thaïlandaise de Sa Kaeo, a permis de secourir 11 citoyens thaïlandais sur le point d’être envoyé clandestinement vers un réseau basé à l’étranger, comprendre « au Cambodge ». L’alerte avait été donnée par la fondation Immanuel, après que des proches d’une des victimes ont signalé une tentative de recrutement illégal.
Ces réseaux, souvent liés à des plateformes de cryptomonnaie et à des groupes mafieux transnationaux, continuent de recruter des jeunes dans des zones frontalières, en leur promettant des emplois lucratifs. En réalité, ils sont contraints de participer à des escroqueries en ligne, parfois dans des conditions proches de l’esclavage.
La situation est d’autant plus préoccupante que ces réseaux sont soupçonnés d’être impliqués dans des crimes violents. Récemment, le corps de Park Min-ho, un étudiant sud-coréen de 22 ans, a été retrouvé près de Bokor au Cambodge. Il avait été enlevé, torturé et tué par un gang lié à des opérations frauduleuses en ligne. Trois suspects liés aux mafias chinoises ont été arrêtés. Ce drame a provoqué une onde de choc en Corée du Sud et tendu les relations diplomatiques avec le Cambodge.
En Thaïlande, le député Rangsiman Rome alerte sur l’infiltration de ces réseaux dans les secteurs stratégiques. Il cite notamment le Huione Group, lié à la famille Hun au Cambodge, accusé par les États-Unis d’avoir blanchi plus de 4 milliards de dollars. Ces flux financiers opaques permettent à des acteurs étrangers de prendre le contrôle d’entreprises thaïlandaises, notamment dans l’énergie et la finance, avec la bienveillance de personnalités extrêmement puissantes de Bangkok.
Le député demande par ailleurs une enquête sur Benjamin Mauerberger, alias Ben Smith, un Sud-Africain devenu homme de confiance des élites d’Asie du Sud-Est et conseiller de l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen.
Rangsiman propose trois mesures : encadrer l’usage des données biométriques, renforcer la coopération internationale pour traquer les flux suspects, et appliquer immédiatement le Travel Rule pour surveiller les transactions en cryptomonnaie. Il appelle également à la ratification de conventions internationales sur la cybercriminalité et le blanchiment.
Pendant ce temps, les centres d’appels frauduleux continuent de prospérer, au mépris des vies humaines et de la stabilité régionale. Le réseau d’Elon Musk, Starlink, leur fournit ses services en Birmanie, au point que le Congrès américain ouvre une enquête.