S’en remettre à Téhéran. Voilà la stratégie adoptée très tôt par le jeune gouvernement thaïlandais pour obtenir la libération de ses citoyens capturés par le Hamas et retenus captifs à Gaza depuis le 7 octobre.
Car lors de son attaque qui a depuis déclenché une résurgence du conflit au Proche-Orient, le Hamas avait pris en otage plusieurs ouvriers agricoles thaïlandais employés dans des kibboutz israéliens. Un membre de l’équipe de négociation thaïlandaise avait affirmé le 16 novembre que 25 d’entre eux étaient aux mains du Hamas, alors que 39 avaient été tués lors de l’attaque du Hamas.
Face à cette situation inédite pour le gouvernement fraîchement élu cet été en Thaïlande, Le Monde explique que Bangkok a fait le choix de miser rapidement sur sa neutralité dans le conflit israélo-palestinien et le rapprochement stratégique avec plusieurs pays musulmans influents dans la région. En particulier l’Iran, principal soutien politique et financier du Hamas au Proche-Orient.
Les réseaux de la Thaïlande et son héritage musulman l’ont donc conduit à se rapprocher d’une branche malaisienne du Hamas afin d’obtenir un interlocuteur privilégié pour obtenir la libération des otages.
Ce qui avait conduit le 26 octobre à une rencontre « de deux heures » -selon The Guardian- dans la capitale iranienne entre des conseillers du président de l’Assemblée thaïlandaise, Wan Muhamad Noor Matha, et des représentants du Hamas. Lors de cette entrevue, il fut convenu que les otages thaïlandais seraient tous libérés, à condition qu’une trêve ait lieu à Gaza. Ce qui est désormais le cas.
The Guardian relate d’ailleurs dans un autre article que les représentants du Hamas rencontrés en Iran ont été particulièrement attentifs aux demandes thaïlandaises. « Ils ont reconnu nos inquiétudes car ils savent que la Thaïlande a offert de la bonté et des avantages à la communauté musulmane… Ils respectent la Thaïlande », comme l’a confié Areepen Uttarasin, l’un des principaux négociateurs thaïlandais.
Fin octobre toujours, une nouvelle rencontre a lieu au Qatar, autour des ministres des Affaires étrangères de Thaïlande, d’Iran et du Qatar. L’occasion pour Téhéran d’afficher « le soutien total de l’Iran » pour Bangkok.
Ainsi, il est moins difficile de comprendre pourquoi des otages thaïlandais ont directement été libérés vendredi 24 et samedi 25 novembre par le Hamas, sans être pris en compte dans le nombre d’otages libérés grâce à l’accord négocié par le Qatar, avec le soutien de l’Égypte et des États-Unis.
Selon les chiffres fournis par le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin sur X, 10 ouvriers ont d’abord été libérés vendredi, puis quatre samedi, grâce à la promesse du Hamas et le soutien de l’Iran.
On en ajoutera trois autres dimanche soir, toujours selon Srettha. Pour un total de 17.
Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères estime désormais que 17 – 20 ressortissants thaïlandais sont toujours captifs à Gaza, mais conserve la promesse du Hamas de tous les voir libérer d’ici les prochains jours sans véritable contrepartie.
Le statut privilégié de l’Iran vis-à-vis du Hamas a donc joué un rôle crucial pour la Thaïlande. Ce qu’elle n’a pas oublié de souligner lors de première vague de libérations. Des remerciements adressés à « tous ceux à qui [la Thaïlande] a demandé de l’aide, à savoir les gouvernements du Qatar, d’Israël, d’Égypte, d’Iran, de Malaisie et le Comité international de la Croix-Rouge ».
Pourtant, l’influence de l’Iran aurait pu permettre de libérer bien plus tôt les otages thaïlandais. C’est ce qu’expliquait mi-octobre Seyed Reza Nobakhti, ambassadeur d’Iran en Thaïlande, cité par Franceinfo.
« Les efforts sont déployés, mais le problème c’est qu’ils ne parviennent pas à les sortir de Gaza. À chaque fois qu’ils essaient de déplacer des otages, ils sont bombardés », expliquait-il en référence aux lourdes représailles israéliennes sur la bande de Gaza. Raison pour laquelle, la trêve est rapidement devenue la condition sine qua non du Hamas pour libérer des otages, quelle que soit leur nationalité.
Les trois otages thaïlandais libérés dilanche soir des geôles du Hamas après 51 jours de captivité à Gaza sont arrivés à l’hôpital Assaf Harofeh, confirment le ministère des Affaires étrangères israélien et l’hôpital.
L’ambassadrice de Thaïlande en Israël, Pannabha Chandrara, s’est rendue dimanche à l’hôpital Assaf Harofeh, où sont examinés 14 ressortissants thaïlandais libérés vendredi et samedi.
Les otages thaïlandais n’ont pas été libérés dans le cadre de la trêve en cours et de l’accord sur les otages accepté par Israël.
Dr. Osnat Levtzion-Korach, directrice de l’hôpital, a expliqué que « du fait que les rapatriés de Thaïlande n’ont pas de famille en Israël, nous les traitons et les soignons ici d’une manière particulière et nous répondons à tous leurs besoins médicaux et personnels ».
Ici avec le personnel hospitalier et l’ambassadrice de Thaïlande en Israël.
