Selon des médias cambodgiens, on voit ici des enfants fuir une école lorsqu'ils entendent les bombardiers thaïlandais.
Alors que les combats se poursuivent sur plusieurs points de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, les deux pays tentent, sous pression internationale, de relancer un cessez‑le‑feu déjà fragilisé.
Des affrontements persistants
Le 25 décembre, le Second Army Region thaïlandais a rapporté des échanges nourris de tirs d’artillerie et de roquettes BM‑21 en provenance du Cambodge, notamment dans les provinces de Sisaket et Surin. Les forces thaïlandaises ont riposté avec mortiers et chars, tout en maintenant le contrôle des zones stratégiques. Plusieurs soldats ont été blessés, victimes de tirs longue portée et de mines antipersonnel. Les secteurs de Phu Makuea, Preah Vihear et Ta Kwai Temple sont considérés comme les plus à risque.
Le Cambodge continue de rapporter des bombardements à partir de chasseurs thaïlandais jusqu’à 80 km de la frontière, possiblement, sur des zones habitées.
L’appel au cessez‑le‑feu de Phnom Penh
Face à l’escalade, le Premier ministre cambodgien Hun Manet a réaffirmé la volonté de son pays d’obtenir un cessez‑le‑feu immédiat et une paix durable. Lors d’un entretien téléphonique avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio, il a insisté sur la nécessité de respecter les mécanismes existants, notamment la Déclaration conjointe de Kuala Lumpur, pour régler pacifiquement les différends frontaliers. Washington a de son côté encouragé les deux parties à mettre fin aux hostilités et à protéger les civils.
Des négociations bloquées
Les discussions du Comité frontalier général (GBC), entamées le 24 décembre, illustrent la difficulté du dialogue. La Thaïlande exige trois conditions : que le Cambodge déclare le cessez‑le‑feu en premier, qu’il soit continu et sincère, et qu’il coopère aux opérations de déminage. Phnom Penh refuse pour l’instant d’y souscrire, on ne sait pas pourquoi. Le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a convoqué une réunion du Conseil national de sécurité pour envisager les prochaines étapes, tandis que le ministre de la Défense a menacé de boycotter les futures rencontres si les conditions ne sont pas acceptées.
Un lourd bilan humain
Selon Reuters, les affrontements ont déjà fait au moins 86 morts en seize jours, auxquels il faut ajouter des nombreux soldats cambodgiens tombés au combat qui ne sont que rarement comptabilisés. Le Cambodge déplore 21 civils tués et plus de 500 000 déplacés, tandis que la Thaïlande recense 65 morts et 150 000 évacués. Les combats s’étendent du nord, près du Laos, jusqu’aux provinces côtières du Golfe de Thaïlande. Les accusations mutuelles se multiplient : Phnom Penh accuse Bangkok d’avoir bombardé Banteay Meanchey avec des avions de chasse, tandis que la Thaïlande dénonce des tirs cambodgiens sur des zones civiles de Sa Kaeo.
Pression internationale
La communauté internationale, notamment la Malaisie, appelle à la mise en œuvre des Accords de paix de Kuala Lumpur signés en octobre. Ces accords prévoyaient le retrait des troupes et des armes lourdes ainsi que des opérations de déminage. Mais sur le terrain, les hostilités se poursuivent, rendant incertain l’avenir du processus de paix.
Entre combats meurtriers, appels au cessez‑le‑feu et négociations bloquées, la crise frontalière entre la Thaïlande et le Cambodge illustre la fragilité des mécanismes régionaux de paix. Si Phnom Penh affiche sa volonté de régler les différends par la diplomatie, Bangkok insiste sur des garanties concrètes. En attendant, les civils paient le prix le plus lourd, pris au piège d’un conflit qui menace de s’enliser.
À mesure que les négociations s’éternisent, la Thaïlande dispose de davantage de temps pour bombarder le Cambodge et grignoter du territoire. Si les pourparlers échouent, l’installation des Thaïlandais dans ces zones s’accentuera et la rancune des Cambodgiens ne fera que s’amplifier.
MàJ : un possible cessez-le-feu de 72 heures à partir du samedi 27.



